Le Canada s’apprête à lancer une réplique de la compétition australienne de 2015 pour construire 12 sous-marins conventionnels

Contrairement à l’immense majorité des pays européens membres de l’OTAN, le Canada, membre fondateur de l’Alliance, n’a pas, pour l’heure, présenté de trajectoire budgétaire ferme pour atteindre un effort de défense de 2% de son PIB. Pour autant, et en dépit d’un effort de défense famélique de seulement 1,35% du PIB et un budget de 23 Md$ (us) en 2023, le pays a entrepris, ces dernières années, plusieurs grands programmes de modernisation de ses armées, parmi lesquels l’acquisition de 88 avions de combat F-35A pour remplacer les 76 CF-18 encore en service, mais aussi 15 frégates lourdes F-26 britanniques pour remplacer les 12 frégates de la classe Halifax entrées en service entre 1988 et 1995. Plus récemment, Ottawa a annoncé son intention de remplacer sa flotte de 15 CP-140M Aurora de patrouille maritime dérivé du Lockheed P-3 Orion, par le nouveau Boeing P-8A Poseidon américain. Mais dans le domaine naval, la plus grande révolution à venir pour la Royal Canadian Navy, interviendra dans le domaine sous-marin.

En effet, la RCN met en oeuvre, aujourd’hui, 4 sous-marins diesel-électrique de la classe Victoria, développée par la Grande-Bretagne pour épauler ses nouveaux SNA de la classe Conqueror et remplacer les Oberon au milieux des années 80. Sur les 12 sous-marins prévus par la Royal Navy, seuls 4 bâtiments de ce qui était alors désignée comme la classe Upholder, furent construits, la Royal Navy ayant décidé, à l’instar de la Marine Nationale ou de l’US Navy, de se tourner pleinement vers les submersibles à propulsion nucléaire. Entrés en service entre 1990 et 1990, les 4 navires seront finalement vendus en 1998 à la Royal Canadian Navy pour remplacer les Oberon canadiens arrivés en limite d’âge. Durant toute la période post-guerre froide, le format très réduit de la flotte sous-marine canadienne ne fut guère un handicap, d’autant qu’Ottawa prit, comme ses homologues européens, à bras le corps le potentiel offert par les fameux « bénéfices de la paix », tel que présentés après l’effondrement de l’Union Soviétique en occident. Mais alors que les tensions en Atlantique et en Arctique face à la Russie, et dans le Pacifique face à la Chine, les autorités canadiennes ont été amenées à revoir le format de la flotte à la hausse, et plus particulièrement de la flotte sous-marine.

Et de fait, selon la presse canadienne, les autorités du pays seraient désormais en consultation pour entreprendre un nouveau programme afin de remplacer les 4 Victoria par pas moins de 12 nouveaux sous-marins d’attaque à propulsion conventionnelle. Pour se faire, Ottawa présente une enveloppe somme toute très conséquente de 60 Md$ canadiens, soit de 40 Md€, ceci faisant dire à certains commentateurs qu’elle disposerait d’une importante marge de progression, un budget de 100 Md$, soit 60 Md€, étant souvent mis en avant à ce sujet. Ce budget, mais également le nombre de navires visé, n’est certainement pas sans rappeler une précédente compétition en Australie, gagnée par le français Naval Group en 2015 avant d’être unilatéralement abandonnée par Canberra en 2021 pour se tourner vers une coopération avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dans le cadre de l’alliance AUKUS nouvellement formée, afin de produire 8 sous-marins d’attaque dotés cette fois d’une propulsion nucléaire. Mais si en apparence, la compétition canadienne rappelle l’australienne, dans les faits, elle sera très différente.