Du groupe des BRICS aux « BRICS+ »

Sur le plan politique, les BRICS peuvent s’apparenter à un « contre-pouvoir », en étant souvent perçu comme un concurrent du Groupe des 7 (G7). Le groupe des BRICS, aujourd’hui nommé « BRICS+ », devient manifestement très attractif pour les pays du « Sud global ». Le sommet de Kazan d’octobre 2024 a en effet rassemblé « 35 délégations », avec la présence 20 chefs d’États. Cependant, de nombreux points de tension, qui fragilisent déjà les relations entre certains pays membres, risquent de limiter la portée du groupe.

A L’OCCASION du XVIème sommet des BRICS qui a eu lieu à Kazan (Russie) du 22 au 24 octobre 2024, de nouveaux pays ont annoncé rejoindre le groupe en tant que pays « partenaires ». Le groupe, passé de cinq à neuf membres en janvier 2024, compte désormais treize participants : l’Algérie, la Biélorussie, la Bolivie, Cuba, l’Indonésie, le Kazakhstan, la Malaisie, le Nigeria, l’Ouganda, l’Ouzbékistan, la Thaïlande, la Turquie et le Vietnam.

Il s’agit d’une nouvelle étape dans l’élargissement du groupe : en effet, en août 2023, en clôture du 15e sommet des BRICS, composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, le président sud-africain Cyril Ramaphosa annonce l’entrée de six nouveaux membres au sein du groupe. L’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran rejoignent le « bloc » dès le 1er janvier 2024.

Même si l’entrée de l’Afrique du Sud dans le groupe des BRIC [1] en 2011 constitue un élargissement de l’organisation, l’ouverture de cette dernière à six nouveaux membres est une première. En effet, jusqu’au sommet de Johannesburg, la question de l’élargissement du groupe était largement débattue. Alors que plusieurs pays ont officiellement déposé une candidature lors de l’année 2022 – année marquée par la présidence chinoise des BRICS – l’Inde, et dans une moindre mesure le Brésil, avaient exprimé leur désaccord avec l’ouverture du groupe à de nouveaux membres.

Conférence diplomatique entre pays ayant connu une croissance économique rapide, les BRICS aspirent désormais à peser sur la scène internationale en incarnant une plateforme de dialogue et de coopération entre pays du « Sud global » [2]. Les BRICS, bien qu’ayant des intérêts divergents en interne, s’accordent sur leur volonté de donner plus de place aux pays émergents au sein des institutions internationales, qui ne reflèteraient plus la réalité du XXIe siècle. La création en 2014 d’une institution financière au sein du groupe, la Nouvelle banque de développement (NBD), en est un exemple probant, en accordant des prêts aux pays émergents avec des conditions moins « exigeantes » que celles du FMI. Cette institution financière avait déjà accueilli de nouveaux membres en 2021 (Bangladesh, Émirats arabes unis, Uruguay, Égypte), et accueillera probablement l’Arabie saoudite, qui a entamé des négociations avec la NBD en mai 2023.

Les BRICS représentent 42% de la population mondiale, presque le tiers du PIB mondial et comptent trois puissances nucléaires.

Sur le plan politique, les BRICS peuvent s’apparenter à un « contre-pouvoir », en étant souvent perçu comme un concurrent du Groupe des 7 (G7) [3]. En 2023, le groupe des BRICS représente 42% de la population mondiale, quasiment le tiers du PIB mondial et il compte également trois puissances nucléaires (Russie, Inde, Chine). Il est par ailleurs intéressant de voir que les États qui rejoindront le groupe en 2024 sont pour la plupart déjà membres du G20 [4] (Groupe des 20, comptant évidemment les membres du G7), conférant davantage d’importance au groupe des BRICS sur la scène internationale. La création d’un format de dialogue dit « BRICS Plus » en 2018, rassemblant des pays tels que l’Indonésie, le Kazakhstan, l’Égypte, l’Algérie, le Sénégal ou encore les Fidji, participe à l’attraction des BRICS pour les pays émergents, et à la croissance de son poids sur la scène politique internationale.

Le groupe des BRICS, aujourd’hui nommé « BRICS+ », devient manifestement très attractif pour les pays du « Sud global ». Le sommet de Kazan a en effet rassemblé « 35 délégations », avec la présence 20 chefs d’États. Cependant, de nombreux points de tension, qui fragilisent déjà les relations entre certains pays membres, risquent de limiter la portée du groupe. Ces tensions se sont déjà ressenties à propos des adhésions de certains pays. La Turquie et la Vénézuela, qui avaient exprimé leur volonté de devenir membres à part entière du groupe, se sont vus refuser ce statut à cause de blocages émis respectivement par l’Inde et le Brésil.

Voir la carte Les Brics : une plateforme de coopération entre pays émergent qui s’élargit au format PDF haute qualité d’impression

Copyright pour le texte et la carte Novembre 2024-AB Pictoris-B. Lambert/Diploweb.com