Par Le Figaro avec AFP
Publié il y a 4 heures, mis à jour à 19h29
Un nouvel incident diplomatique entre la France et Israël a émaillé jeudi la visite à Jérusalem du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot quand des policiers israéliens sont entrés «armés» et «sans autorisation», selon lui, sur un site religieux appartenant à la France. «Cette atteinte à l’intégrité d’un domaine placé sous la responsabilité de la France est de nature à fragiliser les liens que j’étais pourtant venu cultiver avec Israël, dans un moment où nous avons tous besoin de faire progresser la région sur le chemin de la paix», a-t-il souligné devant la presse.
Il n’a pas précisé pourquoi les policiers israéliens étaient entrés dans l’enceinte du domaine national de l’Eléona, à côté duquel se trouve un couvent carmélite (également sous protection diplomatique française), situé sur le mont des Oliviers à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël depuis 1967. Dénonçant une «situation inacceptable», le ministre a finalement décidé de ne pas entrer sur ce site de pèlerinage. De son côté, Israël assure que les questions de sécurité avaient été «clarifiées» à l’avance.
L’ambassadeur d’Israël à Paris convoqué
Construit sur la grotte dite «du Pater», où le Christ, selon la tradition, aurait enseigné le Notre Père (Pater noster, en latin) à ses disciples, il fait partie des quatre domaines nationaux français à et près de Jérusalem, avec le Tombeau des rois, la basilique Sainte-Anne et l’ancienne commanderie croisée d’Abou Gosh avec leurs églises romanes. «Le domaine de l’Eléona (…) est un domaine qui non seulement appartient à la France depuis plus de 150 ans, mais dont la France assure la sécurité», a affirmé le ministre.
L’Eléona «est un lieu saint», a expliqué à l’AFP le père Laurent, recteur de la basilique Sainte-Anne. «Ici, en Israël, les lieux saints sont des lieux particulièrement protégés. On n’entre pas avec des armes. Par ailleurs, c’est un domaine français», a-t-il ajouté. L’ambassadeur d’Israël à Paris sera convoqué «dans les prochains jours» pour évoquer cet incident, a annoncé le Quai d’Orsay.
«Ne me touche pas»
Juste après le départ du ministre, un nouvel incident a impliqué des policiers israéliens en uniforme et deux gendarmes français en civil, a constaté une journaliste de l’AFP. Lors d’un échange très tendu, les policiers israéliens ont empoigné l’un d’eux en le jetant au sol avant de l’emmener dans une voiture de police. Le gendarme, qui s’était identifié, a hurlé plusieurs fois «Ne me touche pas!», selon la journaliste de l’AFP.
Les deux gendarmes ont été ensuite relâchés et un responsable de la police leur a expliqué qu’ils n’étaient pas en uniforme et qu’ils n’avaient pas montré leur carte professionnelle. «Ils savent que nous travaillons au consulat général de France», lui a répondu l’un des deux agents du consulat en montrant les policiers qui l’avaient interpellé. La police israélienne a affirmé dans un communiqué que «deux individus, au départ non identifiés» avaient «refusé l’entrée du site aux agents israéliens chargés de la sécurité du ministre».
Le 22 janvier 2022, la visite du président français Emmanuel Macron avait également été marquée par une bousculade devant la basilique Sainte-Anne. Le président avait lancé en anglais à un policier israélien «I don’t like what you did in front of me» («Je n’aime pas ce que vous avez fait devant moi»). L’incident le plus connu reste celui de 1996, quand le président Jacques Chirac s’était aussi emporté contre des soldats israéliens qui l’encadraient de trop près en lançant «Do you want me to go back to my plane?» (Voulez-vous que je remonte à bord de mon avion?), avant d’exiger que les militaires sortent du domaine de Sainte-Anne.