Quand la Turquie avance ses pions sur l’échiquier libanais

Quand la Turquie avance ses pions sur l’échiquier libanais, par Caroline Hayek (à Beyrouth)

Depuis plusieurs années, le président Erdogan accentue sa pression dans le pays du Cèdre. Un autre terrain d’affrontement avec son homologue français.

Sur la place du Sultan-Souleiman, Hakam al-Hussein vérifie l’état de l’horloge qui domine l’entrée du village. « Elle ne tiendra pas l’hiver », lance-t-il en inspectant l’appareil fissuré. Entre les maisons aux murs nus, quelques bâtiments et panneaux arborent un croissant rouge. A Koueïchra, petit village de l’extrême nord du Liban fort de 4 000 âmes, tout le monde, ou presque, parle le turc. « Nos liens avec la Turquie sont inébranlables en raison de nos origines turkmènes », explique Hakam.

Cette population tribale, qui avait choisi de rester dans les régions de l’Akkar et de la Bekaa lors de la chute de l’Empire ottoman en 1914, a renoué avec ses racines il y a seulement trente ans. En 2010, les habitants de Koueïchra avaient reçu en grande pompe Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, qui s’était engagé à investir dans le développement de cette région reculée. Ces dernières années, un projet permettant l’accès du village à l’eau potable a été mené à bien, et une salle des fêtes construite par Ankara. Ces liens ont permis à des jeunes d’aller étudier en Turquie, et même, pour certains d’entre eux, d’obtenir la nationalité de leur pays hôte. De quoi raviver une nostalgie ottomane dans ces cantons délaissés par les autorités locales. « Au Liban-Nord comme à Saïda, les gens aiment la Turquie.

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