Une source française autorisée réaffirme : PAS DE RETARDS DANS LA CONRETISATION DE L’AIDE MILITAIRE AU LIBAN. Des experts ne partagent pas cette affirmation et parlent de délais anormaux
Un haut responsable du ministère de la défense a affirmé hier qu’on ne peut pas parler
de retard dans la concrétisation de l’accord franco-saoudien d’aide militaire au Liban et qu’en raison de l’importance de ce marché, les délais sont normaux par rapport aux normes habituelles. Ce responsable qui s’adressait jeudi en « off » à la presse pour fournir aux journalistes présents des éléments d’information sur la guerre contre « Daech » et l’intention de Paris de renforcer sa participation à cette confrontation qui, a-t-il dit, durera plus que des jours, des semaines ou des mois…
Toujours au sujet du Liban, le responsable a indiqué, en réponse à une question, que la France est pleinement consciente des dangers qui pèsent sur le Liban du fait de la conjoncture actuelle dans la région ajoutant que Paris veut œuvrer pour que le Liban soit immunisé par « un accroissement des capacités de l’Armée libanaise ».
Nous travaillons pour cela, a-t-il ajouté, avec les Saoudiens pour que les capacités des forces armées libanaises soient renforcés d’une manière significative.
Pour ce qui est de l’accord franco-saoudien à proprement parler et en guise de commentaire sur les propos des ce responsable, un expert militaire a estimé qu’il y a certainement des lenteurs mais que cela est dû à trois facteurs essentiels. A savoir que l’Arabie Saoudite n’a pas encore versé ce qui lui est demandé pour la mise en exécution du contrat, que nombre d’armes et de matériels ne sont pas disponibles dans l’immédiat et qu’ils ne seront, par conséquent livrés que par échelonnements (un char par mois, à titre d’exemple…) et enfin que le pays fournisseur ne peut pas satisfaire intégralement la demande libanaise. Du moins pour certains missiles et certains équipements de la dernière génération…
Ce responsable a noté par ailleurs que l’empressement des «commerciaux » de certaines entreprises d’armement à promouvoir leurs produits auprès des chancelleries n’est pas en adéquation avec les lenteurs précitées et que ne sont pas que « certains argumentaires ne sont pas que techniques »…
Enfin, ce spécialiste estime, en se gardant de citer un chiffre, que les honoraires demandés par l’ « ODAS », organisme mixte chargé de la bonne exécution des marchés d’armement français, sont trop élevés et que ce chiffre n’a pas échappé à la vigilance du payeur saoudien.
Toujours est-il que l’on se trouve devant la certitude que la première livraison de matériel français pour l’armée libanaise n’est pas pour demain et que si les responsables de la rue Saint Dominique (siège du ministère de la Défense) affirment qu’il n’y a pas de retard, ils parlent de marchés conclus en temps normal, ce qui ne correspond pas au cas du Liban dont les soldats sont engagés dans des batailles inégales contre « Daech » et les dangers immédiats de débordements des combattants islamistes vers le territoire libanais.
Enfin, notre interlocuteur estime que le milliard de dollars offert au Liban par le roi d’Arabie et qui n’est pas conditionné par un achat de matériel français est une reconnaissance implicite des longs délais relatifs au marché initial de trois milliards.
LES FORCES EN PRESENCE ET LE DISPOSITIF FRANCAIS
Pour en revenir au « off » proprement dit du responsable du ministère de la Défense, il a porté essentiellement sur les forces en présence en Irak et en Syrie, chiffres à l’appui, sur base de rapport parvenus à Paris.
« Daech » et « Al Nosra » aligneraient 35.000 combattants dont 8 à 9.000 étrangers (en constante augmentation) parmi lesquels il y aurait 2.000 Européens et 350 Français.
Toujours en chiffres, « Daech » aurait saisi lors de la bataille de Moussoul environ 60.000 armes individuelles, une centaine de blindés légers et une cinquantaine de chars lourds.
En matière de ralliements, les sources françaises signalent de nets accroissements provenant de groupes implantés au Sahel, au Nigéria et en Somalie soulignant qu’il s’agit là d’un phénomène d’émulation qui favorise le mouvement d’instauration d’un Califat.
En Syrie, situation plus complexe avec les forces de l’opposition qui compteraient 50.000 hommes dans les rangs du tandem Daech-Al NOsra et 15.000 soldats de l’Armée syrienne libre (ASL).
Avec, en face, les forces du régime syrien constituées des forces régulières soutenues par le Hezbollah et des Irakiens chiites dont certains auraient regagné le territoire irakien avec des possibilités de revenir en Syrie.
Enfin, on devait apprendre que la France compte renforcer son dispositif militaire dans la zone et que déjà, depuis quelques semaines le nombre de vols a atteint une moyenne de 16 sorties par jour y compris les vols de reconnaissance et ceux qui ont trait à la logistique. Qualitativement, le commandement français compte être plus présent au sein des commandements de Koweit City avec des capacités de coordination accrues avec les postes de Bagdad et d’Erbil.