Une semaine à l’Élysée, Par Xavier Houzel

Lundi, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont poursuivi à Paris leur réflexion commune sur la réponse à donner à la guerre en Ukraine. Au menu de leur dîner parisien : l’indépendance de l’Union Européenne en matière d’énergie, de défense et de matières premières stratégiques, la situation au Sahel et la préparation du conseil des ministres franco-allemand après le sommet de l’Otan et celui du G7. Il était temps pour le couple de se reprendre en main.

Le lendemain mardi, toujours à Paris, c’est au tour de l’Israélien Yaïr Lapid de congratuler le président français ; l’un a perdu sa Knesset et l’autre sa majorité, mais ils s’échangent, l’un le Hezbollah et l’autre l’Autorité Palestinienne. À chacun sa vérité. Il est surtout question de Gaz et une fois de plus de TotalEnergies, car c’est de la limitation de la frontière maritime entre Israël et le Liban qu’il s’agit. Décidément, le major (qui a perdu l’accent sur les E) brûle comme une patate chaude, sachant que le Liban l’accuse de lui avoir joué un mauvais tour, et très  sournoisement. Ailleurs, les Américains se tirent les uns sur les autres dans les supermarchés pendant que les villes d’Ukraine tombent à la suite l’une de l’autre : après Lysychansk, ce sont les villes de Sloviansk et de Bakhmout qui flanchent dans l’oblast de Donetsk.

Nous sommes mercredi et voilà que les membres du gouvernement britannique démissionnent à la queue leu leu : on en compte cinquante-quatre, dont cinq ministres, en trois jours. À Paris, pourtant, l’exercice démocratique voulu par la constitution de la Vème République agit sur les élus comme une rectifieuse ; il meule. Pendant ce tumulte étincelant – grinçant mais nécessaire – la première ministre sculpte, cisèle et polit. En laissant le président de la République indemne, madame Borne s’impose. Elle est sacrée meilleure ouvrière de France (MOF) : les pièces sont prêtes à être ajustées dans les délais.

Jeudi, en allant d’attouchement en attouchement, Boris Johnson roule dans le caniveau – pas comme Oliver Cromwell dont on n’a pas retrouvé la tête,  mais comme un boulet pour son parti.  C’est un non-évènement, cependant, car tout le monde est à Bali. Kiev parle de contre-offensive, le porte-parole de l’État-major ukrainien dit que la Russie a renforcé sa flotte en Mer Noire avec cinq nouveaux porte-missiles, deux sous-marins et un navire d’assaut amphibie supplémentaires : on se demande de quelle boite à malices ces navires sont sortis ! Le G20 se tient en Indonésie pendant deux jours ; les ministres des Affaires étrangères du G20 s’y rencontrent pour la première fois depuis le début de la Guerre. Le ministre Sergueï Lavrov et le secrétaire d’État américain Antony Blinken sont à quelques mètres l’un de l’autre, mais il est prévu qu’ils s’ignorent, parce qu’ils n’ont probablement rien à se dire et que c’est ce qui les accable.

Dans une semaine – après le long week-end du 14 juillet –  le président des États-Unis sera en Israël, puis en Arabie saoudite pour un double pèlerinage avant les élections de mi-mandat. Est-ce bien là qu’il lui faut aller en faisant fi de Shireen Abu Aqleh et de Jamal Khashoggi ? Le roi Salmane et son fils (MBS) n’ont rien à lui dire non plus de remarquable, à part le fait que les monarchies du Golfe ont gonflé leurs réserves de Pétrole et qu’elles ne peuvent plus lui être de secours, ce que la Russie et l’Iran – et la France depuis peu – savent déjà.

La Chine et l’Inde achètent tout ce qui traîne ; les prix obéissent à la loi de l’offre et de la demande ; le marché tâtonne, il revient toujours à l’équilibre mais la barre est placée si haut que cela donne le vertige. Le pouvoir d’achat du monde est abîmé, le monde lui-même est mis à la lanterne.                                                                                                                                       XH