The Conversation – Chine-Israël : une relation dans l’ombre de la rivalité sino-américaine, Interview de Emmanuel Lincot, Emmanuel Véron

Les rapports entre la Chine et Israël ne peuvent pas se comprendre sans tenir compte de ceux que chacun de ces deux pays entretient avec les États-Unis. ANALYSE PAR

Relation ancienne que celle entre les communautés juives et la Chine (notamment à Kaifeng, dans le centre du pays, où réside depuis 1 000 ans une communauté juive). Une relation encore complexifiée par les enjeux, hier, de la guerre froide, aujourd’hui, de la rivalité sino-américaine, avec en toile de fond un problème récurrent et fréquemment soulevé par la diplomatie chinoise : la question palestinienne, ce dernier sujet étant aussi ancien que la politique chinoise du monde arabe

Toutefois, l’été dernier, Pékin a explicitement proposé sa médiation dans le conflit qui oppose les Palestiniens à l’État hébreu. Une façon, diront ses détracteurs, de détourner l’attention et les critiques occidentales des exactions commises par les autorités de la RPC à l’égard des musulmans ouïgours dans le Xinjiang…

Ce qui est sûr, c’est que le poids croissant de la Chine au Moyen-Orient fait d’elle un acteur de plus en plus notable sur le plan politique, et que la part des échanges économiques israélo-chinois n’a cessé de croître au cours de ces dernières années, suscitant inquiétudes à Washington et, aussi, parmi les services de sécurité et de renseignement israéliens.

Une histoire ancienne et singulière

Nombre de survivants des camps de la mort se souviennent que la Chine a été pour de nombreux Juifs une terre de refuge durant la Seconde Guerre mondiale (et même dès les années 1930, notamment à Shanghai). C’est dans le sillage de la présence britannique, bientôt suivie d’un afflux de réfugiés d’Europe de l’Est, que Shanghai, principalement, reçut une vague importante d’immigrés juifs. La plupart fuyaient la montée de l’antisémitisme. Ils furent une vingtaine de milliers originaires d’Autriche, de Pologne, de Russie ou de Lituanie à s’installer dans le district de Hongkou à Shanghai, jouxtant la présence japonaise. LIRE LA SUITE