Alors que le dernier soldat US a quitté l’Afghanistan, un haut diplomate américain a affirmé qu’ils allaient rester en Irak et en Syrie. Ce maintien s’expliquerait en partie par la lutte contre le terrorisme. Mais cette raison permettrait surtout de maintenir la pression sur Damas et sur l’Iran. Analyse.
Après l’Afghanistan, les États-Unis vont-ils se retirer d’Irak et de Syrie?
À en croire Joey Hood, secrétaire d’État adjoint par intérim aux Affaires du Proche-Orient, ce n’est pas d’actualité. Lors d’un entretien accordé à la chaîne américaine arabophone al-Hurra TV, celui-ci a déclaré: «je veux dire sans équivoque que l’Afghanistan n’est ni l’Irak ni la Syrie», avant d’ajouter «nos intérêts en Irak se poursuivront au fil du temps, et cela inclut non seulement la sécurité, mais aussi l’aide aux forces de sécurité irakiennes et aux FDS [Forces démocratiques syriennes, combattants majoritairement kurdes, ndlr] pour vaincre l’État islamique* une fois pour toutes. Cela prendra du temps». Pour le moins claire, cette déclaration du haut diplomate balaie les spéculations sur un repli général des Américains du Moyen-Orient.
Daech* encore présent
La présence militaire des États-Unis serait donc conditionnée à l’existence d’une menace terroriste toujours présente dans la région. «Vous croyez vraiment que les États-Unis vont arrêter de combattre Daech et Al-Qaïda*?», s’interroge François Chauvancy, général (2S) de cavalerie.
«Je vois mal comment les Américains pourraient relâcher leur présence dans la mesure où c’est une base avancée de la projection de leur puissance, surtout compte tenu des milliards qu’ils ont pu dépenser dans la guerre contre le terrorisme. Il faut dissocier la présence en fonction des intérêts régionaux avec les États avec lesquels ils ont des accords», estime l’officier supérieur des troupes de marine au micro de Sputnik.
La présence militaire américaine dans la région servirait à former les armées nationales et à combattre la recrudescence de Daech. «Certes, les terroristes n’ont plus d’ancrage territorial comme avant, mais ils ont toujours une capacité de nuisance importante en Syrie et en Irak», nous explique le militaire. Compte tenu de la porosité de la frontière irako-syrienne, le déplacement des djihadistes se ferait sans peine, la géographie désertique et montagneuse de la région jouant en leur faveur. Malgré la défaite territoriale de l’État islamique en 2019, les anciens combattants djihadistes s’entassent dans les camps de détention et le camp de réfugiés d’Al-Hol contrôlé par les FDS et pourraient devenir une menace sécuritaire à moyen terme. LIRE LA SUITE