Spectacle du Monde : Biden, MBS, les raisons du grand divorce par Graciane M. Lavergne

Joe Biden et MBS à Riyad en juillet 2022 ©Saudi Press Agency/UPI/Shutterst/SIPA

Le 9 octobre, les membres de l’OPEP+ ont réduit leur production de pétrole pour maintenir les prix. Joe Biden avait pourtant exhorté les pays du Golfe à faire l’inverse pour affaiblir la Russie. Cette décision est un nouveau désaveu infligé à Washington par Riyad et ses alliés du Golfe.

« Les Etats-Unis ne se détourneront pas du Moyen-Orient en laissant un vide que pourraient remplir la Chine, la Russie ou l’Iran », déclarait Joe Biden à Djeddah le 15 juillet dernier. La réalité est pourtant bien différente : les Etats-Unis ne sont plus indispensables dans la région.

Cette visite de juillet, censée rapprocher Washington et Riyad, avait déjà été un fiasco total. Le vol de l’Air Force One d’Israël en Arabie saoudite (qui ne reconnaît toujours pas l’Etat hébreu) était une première, mais sans réelle portée diplomatique.

L’objectif premier de cette visite était bien la problématique énergétique. Les Etats-Unis sont confrontés, comme de nombreux pays, à une hausse significative du prix de l’essence en raison de la guerre en Ukraine. L’enjeu pour Biden était ainsi de convaincre les Saoudiens d’augmenter leur production pétrolière pour baisser les prix qui pèsent sur les ménages américains. Réunis début août, les pays de l’OPEP+ avaient déjà démontré leur indifférence aux injonctions américaines en annonçant une hausse minime de leur production.

La morale ne construit pas une politique

Pire encore, cette visite à Djeddah est considérée comme un reniement de la part du président américain. Biden tient en effet le prince héritier Mohammed ben Salmane al Saoud – “MBS” – pour responsable de l’assassinat en 2018 de l’éditorialiste du Washington Post, Jamal Khashoggi. A son arrivée au pouvoir, il avait même déclassifié le dossier et avait menacé de faire de l’Arabie saoudite un Etat-paria. Force est de constater que les intérêts vitaux des Etats-Unis ont eu raison de sa détermination. Bush en avait fait de même en 2001 en  “oubliant” l’implication de citoyens et princes saoudiens dans les attentats du 11 septembre. Et après Biden, c’est Emmanuel Macron qui a reçu “MBS” à l’Elysée.