4 août 2020 : deux explosions frappent le port et une partie de la ville de Beyrouth, fragilisant un pays déjà durement touché par de nombreuses crises. Un an après, un colloque réunissant de nombreux experts a dressé un état des lieux du Liban.
Compte rendu d’un séminaire tenu le 29 juillet 2021 en Suisse animé par Mme Jumana Trad, Présidente de la Fondation Promoción Social et Présidente du Comité Exécutif du Centre d’Études pour le Moyen-Orient ( CEMO ). Avec les participations de
Professeur Tarek Mitri, président de l’Université Saint-Georges à Beyrouth, a enseigné au Liban, en Suisse, en Hollande, aux États-Unis, a travaillé dans le domaine du dialogue inter-religieux et inter-culturel, a été entre 1999 et 2005 coordinateur des relations inter-religieuses au Conseil mondial des églises à Genève, quatre fois ministre de différents gouvernements au Liban, a servi comme représentant du secrétaire général des Nations Unies pour la Libye.
Nassib Ghobri, référence nationale en matière d’économie, banquier, responsable de la branche recherche et analyse de Byblos Bank group.
Malik El Khoury, entrepreneur, actif dans la formation des jeunes à la citoyenneté
Pierre Issa, co-fondateur et ex-Directeur Général de l’ONG Arcenciel.
Compte rendu réalisé par Rémi de Francqueville.
Le Liban est en proie à une crise protéiforme dont les aspects sanitaires recouvrent désormais ceux politiques, économiques et sociaux. La Banque Mondiale estime ainsi que nous sommes en présence de l’une des trois crises économique et financière les plus sévères depuis le milieu du XIXe siècle. En quatre exposés d’une clarté sans égal, messieurs le professeur Tarek Mitri, Nassib Ghobri, Malik El Khoury et Pierre Issa dressent un portrait exhaustif des principaux défis à relever pour sortir de l’impasse.
Le communautarisme politique, un fonctionnement à dépasser
S’il est certain – c’est devenu un lieu commun de l’affirmer – que la corruption, l’incompétence et l’incapacité à se projeter ont gangrené la classe politique, Tarek Mitri insiste sur un aspect bien connu du système politique libanais dont on ne mesure pas assez bien les effets néfastes : son communautarisme. Il déclare ainsi « mais il y a aussi le narcissisme communautaire qui place les supposés, ou prétendus intérêts de sa communauté au-dessus du bien commun. ». En effet le système libanais reposant sur le confessionnalisme, pensé et mis en place dans un souci d’équilibre, a permis le développement d’une crise politique majeure où les autorités publiques ne travaillent plus ensemble à la recherche de ce qu’il y a de meilleur pour la nation entière, mais uniquement dans la défense des intérêts de leur parti, de leur communauté. Ce dysfonctionnement concourt à l’accélération du démembrement des institutions et bloque toute velléité de réforme. LIRE LA SUITE