Pays leader du monde arabe, siège de la Ligue des États arabes, pays le plus peuplé de la région (85 millions d’habitants en 2011), l’Égypte entre en révolution le 25 janvier 2011 après une période de luttes sociales, de revendications et de grèves, dans tous les secteurs de l’économie : dans les usines du delta, le commerce, les administrations, comme dans toutes les professions libérales. L’occupation de la place Tahrir au Caire devient le lieu-symbole de la volonté de changement : changement politique d’abord, mais aussi remise en question de la place de l’armée et du rôle prépondérant qu’elle occupe au sommet de l’État comme dans toute l’économie du pays, dont elle détient les secteurs clé.
Le 11 février 2011, le départ de Moubarak marque un tournant mais, après la courte parenthèse de la présidence Morsi, le Conseil suprême des forces armées revient à la tête de l’État, pour y rester jusqu’au coup de force qui amène au pouvoir en 2013 le maréchal Abdel Fattah al-Sissi.
Dès lors, comment expliquer le retour à un pouvoir autoritaire renforcé alors que la société égyptienne s’était soulevée très largement en soutien des révolutionnaires de Tahrir ? Peut-on considérer que la sauvegarde des intérêts économiques et financiers des forces armées soit l’une des raisons de la survie du régime ?
Ce retour autoritaire doit beaucoup au soutien financier et militaire de l’Arabie saoudite, sans parler de l’appui politique de la France (entre autres acteurs extérieurs) sous couvert de coopération antiterroriste et militaire.
Enfin, la répression sauvage des médias indépendants, des associations de jeunes, des défenseurs des droits humains, du monde des ONG et de la culture, ainsi que la désertification de la vie politique ont plongé la société égyptienne dans une nuit sans fin.
Mais la révolution est toujours un processus qui dure avant d’aboutir.
PROGRAMME :
11h30-13h
L’armée, au cœur du pouvoir et de l’économie
avec Yezid Sayigh, maître de recherche au Centre Malcolm H. Kerr Carnegie pour le Moyen-Orient à Beyrouth, où il dirige le programme sur les relations civilo-militaires dans les États arabes (CMRAS). Il a également participé en tant que conseiller et négociateur aux pourparlers de paix israélo-palestiniens des années 1990.