RECONSTRUCTION DE LA SYRIE : Investisseurs et entrepreneurs étrangers déjà sur place

WP1-Orient le JourRECONSTRUCTION DE LA SYRIE : UN MEGA CHANTIER DE 280 MILLIARDS DE DOLLARS Investisseurs et entrepreneurs étrangers  déjà sur place

La présence à Damas de personnalités occidentales –dont les quatre élus français- et de professionnels et investisseurs chinois, russes, brésiliens et autres met en avant la question de la reconstruction de la Syrie. Un méga-chantier évalué à 280 milliards de dollars ou plus selon qu’il s’agira de la Syrie dans ses frontières d’avant-guerre ou d’un pays amputé de certaines de ses régions.

La Syrie est un pays à la population jeune qui, au-delà de la situation actuelle, aspire à un retour à la normale et à son intégration sur un marché de travail limité certes mais à la recherche d’un équilibre pour l’instant complexe.

On sait que l’état de guerre n’empêche pas les entrepreneurs et autres investisseurs de se rendre sur place en partant du principe qu’il ne faut pas attendre les solutions pour établir des contacts sur place, se présenter et faire des propositions ou du moins explorer les secteurs correspondant aux compétences des entreprises partantes.

Entretemps et pendant que les canons continuent à tonner les autorités du pays signalent que la Syrie est le seul pays de la région qui a aboli la politique des subventions dans plusieurs domaines de l’économie. Fruit d’une longue réflexion, elles affirment que le prix de l’électricité est passé d’une grille complexe à trois prix réglementés.

Autres signes d’ouverture aux standards occidentaux : les principaux secteurs de l’économie et des finances ne sont plus des « directions générales » dépendant financièrement des ministères de tutelle mais des organismes  autonomes qui devront désormais adopter une gestion indépendante et responsable. Comme l’écrit Georges Malbrunot, l’effet des réformes initiées dans les années 200 est déjà visible, notamment dans le domaine de la réorganisation administrative.

Il faut signaler par ailleurs une reforme de la sécurité sociale selon les normes anglaises. Autre fait à relever : le plan de privatisation qui avait été mis en place dans le secteur de la téléphonie mobile, bien avant la guerre, sera réactivé dès que la stabilisation politique sera entamée, l’objectif étant de passer à une économie aux normes occidentales, loin, très loin d’une économie sous influence.

Le pouvoir fait savoir qu’il œuvre pour la sécurité et l’autosuffisance dans l’agro-alimentaire avec la mise en place d’organismes appropriés, indépendamment des richesses en matière d’énergie. La Syrie est un pays agricole et industriel ayant des prix de production très compétitifs, autant de vecteurs de développement faisant l’objet de politiques strictes de la part du gouvernement central.

Il est bon de savoir également que des structures adéquates et nécessaires sont mises en place pour favoriser pour favoriser l’investissement de la diaspora syrienne dans le monde, dans un cadre réglementaire favorisant la sécurité juridique.

Outre l’enjeu de la réunification et de la garantie de l’intégrité territoriale et l’unité du peuple syrien, les services publics devront être rétablis dans plusieurs villes stratégiques du pays : logement, infrastructures, transport, électricité, eau, gaz, santé, communications, éducation, énergies nouvelles, éducation, universités, centres commerciaux et accès à internet. Sur le plan culturel, une large part des efforts devra être consacrée à la réhabilitation des sites touristiques qui sont de véritables joyaux dans cette partie du monde et symboles majeurs de l’identité syrienne.

Le pays est situé au carrefour de l’ancienne route de la soie et sa mémoire est encore vivante dans le pays où étaient organisés des festivals annuels dans plus d’une ville. L’optimisme associé à la nouvelle route de la soie serait un outil indispensable pour la mobilisation des jeunes. Ce nouvel axe commercial et stratégique est important pour tous les Syriens et une redistribution équitable des revenus au niveau territorial permettra d’assurer un développement régional plus équilibré.

Ainsi, les dirigeants actuels de la Syrie font face à un enjeu majeur qui est de reconstruire la Syrie de l’an 2020, lui redonner sa place au centre des voies de communication vers à Chine et vice versa mais aussi entre le Golfe et l’Europe. Ces voies de communication, véritables richesses du pays devront être gérées par le peuple syrien avec l’aide de conseillers expérimentés.

Aujourd’hui, les Occidentaux tendent à infléchir leur position vis-à-vis du régime. La guerre commune contre « Daesh »  permet au régime d’avancer vers Alep et vers le sud. Echaudés par un vain soutien à ce que l’on qualifie d’opposition de l’intérieur et de l’extérieur et qui s’est avérée incapable de mettre en place un processus indépendant de décision, les pays occidentaux font désormais de la lutte contre la barbarie de « Daesh » leur priorité.

On n’entend plus le premier ministre britannique David Cameron critiquer le régime de Bachar  el Assad mais encourager l’envoi de délégations commerciales à Damas pour qu’elles se positionnent. Les Allemands ont , de s commencé à retirer de sa liste de sanctions des personnes très proches du régime.

Pour sa part, la Russie a entamé des travaux d’exploration et d’extraction de pétrole et de gaz « on shore » entre Tartous et Banias et a signé à cet effet avec le ministère du pétrole un contrat de 90 millions de dollars. En juin dernier, un contrat a été signé pour la construction d’une ligne de défense dans la province de Hassaké. Les acquis de la Russie dans ces domaines n’étant pas, bien entendu, que matériels mais aussi politiques.

Depuis 2011, la Chine est le premier partenaire commercial de la Syrie. La compagnie nationale chinoise de pétrole est le plus grand actionnaire des deux principales compagnies syriennes de pétrole. Le gouvernement chinois a signé des contrats de plusieurs milliards de dollars avec Damas. Les principaux intérêts chinois étant dans le secteur énergétique.

Les déclarations du Président Assad affirmant : «Nous n’autoriserons pas les investisseurs occidentaux et des pays arabes du Golfe à participer  à la reconstruction de la Syrie » sont une part importante dans sa communication contre des soutiens de l’opposition.

En conclusion, l’effort international pour se défaire de l’EI ou d’Al Qaïda ne peut réussie sans l’aide de la Syrie qui les combat quotidiennement  avec le soutien de ses alliés, notamment la Chine et la Russie. La Syrie  et l’Irak doivent être soutenus en tant que nations. L’Egypte peut également jouer un rôle crucial pour stabiliser l’ensemble de la région. La calme détermination et la confiance du peuple syrien dans sa capacité à réaffirmer son unité laissent entrevoir la possibilité de construire une société stable où se côtoient des gens de diverses religions. Il est temps que certains dirigeants occidentaux prennent officiellement  le chemin de Damas.