Quid de l’aide militaire française au Liban?

Quid de l’aide militaire française au Liban?

par Elias Masboungi

Gérard Bapt.Les interrogations sur la livraison d’armes françaises au Liban en vertu de l’accord franco-saoudien s’intensifient, notamment après l’envoi à l’Elysée, à Matignon et à d’autres ministères concernés d’une question écrite du député Gérard Bapt. D’autres parlementaires et responsables français amis du Liban s’apprêtent à exercer des pressions sur le gouvernement pour qu’il explique les raisons de ces atermoiements. 

D’autant que, dans sa réponse pour le moins évasive à un journaliste, le porte-parole adjoint du Quai d’Orsay, déclarait  hier : « La France est pleinement engagée dans l’appui à l’armée libanaise, pilier de la stabilité et de l’unité du Liban. Elle a été à l’initiative du groupe international de soutien au Liban, dont l’un des trois volets porte le renforcement des capacités militaires du Liban. Nous sommes en contact étroit avec nos partenaires pour répondre rapidement aux besoins du Liban. » Réponse qui ne dit pas quand le fameux accord franco-saoudien sur l’aide militaire au Liban  connaîtra un début d’application.

Evoquée plus d’une fois ces dernières semaines lors de contacts entre journalistes d’une part et des personnalités proches de l’Elysée, de Matignon, du Quai d’Orsay et du ministère de la défense, cette question d’aide militaire franco-saoudienne a suscité au cours de ces derniers mois des arguments tels que « Il y a des lenteurs du côté de Ryadh » ou « Certains matériels n’existent pas en stock »… ou alors « certaines armes sophistiquées nécessitent une formation de personnels militaires qui nécessitent plusieurs mois »… Autre aspect du problème qui serait la cause principale de ces retards :

L’affirmation par les autorités saoudiennes, lors du  dernier voyage du Président Hollande à Ryadh, que s’il y avait le moindre soupçon de paiement de commissions sur la contribution saoudienne de trois milliards de dollars, le royaume se libérerait immédiatement de ses engagements.

Y aurait-il eu dernièrement des tentatives d’obtention de commissions ? De source militaire indépendante à Paris, le montant de 500 millions de dollars aurait été cité comme étant une exigence pour que le « deal » franco-saoudien soit concrétisé… Reste à savoir qui a demandé à qui et quelles sont les parts…

On peut se douter entretemps que c’est là une raison majeure du retard apporté à l’aide d’une armée qui est à la point de la guerre contre le terrorisme et qui affronte aujourd’hui  à Ersal et affrontera peut-être demain à Tripoli ou dans le Akkar des hordes de combattants dont l’idéologie et les méthodes n’ont aucun lien avec l’islam.

Il y a donc un devoir de vérité et une obligation morale d’expliquer pourquoi des soldats sous-équipés par rapport à leurs adversaires doivent continuer à se battre sans équipements ni couverture aérienne adéquats.