Quand une spécialiste fait le point avec un expert ! Entretien de Joëlle HAZARD avec Xavier HOUZEL.

ODESSA, UKRAINE - MARCH 05: An instructor discusses urban combat as Ukrainian civilians undergo basic military training at a volunteer center in a state educational institution, before an expected Russian assault on March 5, 2022 in Odessa, Ukraine. The Ukrainian volunteers are trained by former, reserve and veteran Ukrainian officers. Russian forces invading Ukraine from three sides since February 24 have frequently met fierce resistance, and these trainees say they aim to help deprive Russia of the prized Black Sea port of Odessa. (Photo by Scott Peterson/Getty Images)

Dans un entretien avec Joëlle Hazard, journaliste et experte des questions du Moyen Orient, notre chroniqueur Xavier Houzel revient, avec l’indépendance d’esprit et l’érudition qu’on lui connait,  sur les accords de Minsk de 2014, qui n’ont jamais été appliqués, sur le double jeu américain, sur les propositions de paix du Pape François, sur la responsabilité des crises en Palestine et en Syrie dans le déclenchement du conflit ukrainien, ou encore sur la prise de conscience israélienne du danger que représenterait une guerre totale.

Xavier Houzel veut conserver l’espoir que la poursuite d’un dialogue auquel, selon lui, croit encore Poutine, ouvrira la voix d’un règlement de la guerre en Ukraine, dont beaucoup d’acteurs internationaux, y compris en tète les États Unis, portent une part de responsabilité.

Joëlle Hazard Réalisatrice TV, journaliste indépendante depuis 2012. Editorialiste de politique étrangère, rédacteur en chef et chef du service de politique étrangère de la Rédaction nationale de France 3 (France Télévisions) de 2001 à 2010.
Grand reporter depuis 1982, spécialisée sur le Proche et le Moyen-Orient: couverture des conflits régionaux (notamment guerres du Liban, guerre Iran-Irak, Intifada, guerre du Golfe, invasion américaine de l’Irak).
Réalisatrice TV, journaliste indépendante depuis 2012.
Xavier Houzel, chroniqueur Mondafrique, négociant pétrolier. Consultant et président de Carbonaphta SA, société de négoce pétrolier, familier du monde arabo-musulman, Xavier Houzel est un vétéran du maquis complexe et parfois opaque du business moyen-oriental.

Question JH :  L’escalade se poursuit entre la Russie et l’Ukraine, même si le froid va contribuer à geler provisoirement la situation sur le terrain. Comment expliquez-vous qu’aucune médiation n’ait pu aboutir après huit longs mois de guerre ?

XH :  Je ne vois à cela qu’une seule raison : parce que aucune tentative de médiation intelligente n’a été encore osée par personne, à deux exceptions près, celle du Pape François – qui est sur la durée – et celle de l’Algérie – qui est la plus récente ! Et à cela, je ne vois qu’une double explication de complotiste : que l’escalade actuelle est entretenue de l’extérieur – comme le furent, depuis la seconde guerre mondiale, toutes les surenchères révolutionnaires et guerrières au Moyen-Orient – et que l’affrontement en cours n’a pas encore atteint son objectif. Il est risqué de s’opposer de front à l’Amérique.  On revient toujours au Pétrole, au Gaz et à leurs routes et à ce que les philosophes allemands appellent le Dasein – l’être-en-situation (sans négliger la temporalité) – que le président Poutine et Israël traduisent par Existence. La Russie post soviétique et Israël, l’une comme l’autre, ont un problème existentiel. Une médiation voudrait, pour être un succès, qu’une analyse ontologique du mal et de ses racines soit faite au préalable, comme le fait le Pape en élevant le débat et comme l’Algérie a tenté de le faire au Sommet de la Ligue Arabe, le Jour des morts, à Alger, en le recentrant à son tour sur la question de la Palestine. Les crises de Palestine, d’Iran et de Syrie sont congénitalement liées à celle de l’Ukraine.

La question n’est pas de savoir s’il faut coûte que coûte arrêter cette guerre pendant qu’elle bat son plein ou s’il serait préférable d’attendre le verdict des armes, comme le président ukrainien Volodymyr Zelensly insiste pour le faire. Bien sûr qu’il faut tout faire pour arrêter cette guerre, non seulement parce qu’elle est meurtrière mais aussi parce qu’elle est inepte.

Dans son discours du 27 octobre devant les membres du Club Valdaï, le président Poutine s’en est pris à l’Occident Il a aussi déploré le fait que le président Macron ait rendu publique une partie de la conversation qu’ils avaient eue ensemble. Mais, par ce même message, ce dernier lui propose implicitement de poursuivre leur dialogue mais « autrement ». Je reste donc très optimiste. LIRE L’ENTRETIEN COMPLET