Quai d’Orsay : DÉCLARATION FINALE GROUPE INTERNATIONAL DE SOUTIEN AU LIBAN Le 11 décembre 2019 – Paris
1. Une réunion du Groupe international de soutien au Liban (GIS), coprésidée par la France et par le Bureau du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le Liban, s’est tenue à Paris le 11 décembre. L’Allemagne, la Chine, l’Égypte, les Émirats arabes unis, les États-Unis, l’Italie, le Koweït, le Royaume-Uni, la Russie, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque européenne d’investissement, l’Union européenne, le Fonds monétaire international, la Ligue des États arabes, la Banque mondiale et la Société financière internationale y ont participé. Des représentants des autorités libanaises ont également assisté aux discussions.
2. Le Liban n’a plus de gouvernement depuis la démission de Saad Hariri le 29 octobre il y a plus de six semaines. Le Groupe estime que la préservation de la stabilité, de l’unité, de la sécurité, de la souveraineté, de l’indépendance politique et de l’intégrité territoriale du Liban nécessite la formation urgente d’un gouvernement efficace et crédible, ayant la capacité et la crédibilité requises pour mener à bien l’ensemble substantiel de réformes économiques nécessaires, qui s’attachera à désengager le pays des tensions et des crises régionales. Il est urgent que le nouveau gouvernement soit mis en place aussi vite que possible.
3. Le Groupe a noté que le Liban traverse une profonde crise économique et sociale qui place le pays face à un risque de délitement chaotique de son économie et d’instabilité accrue. Pour mettre un terme à la forte dégradation de la situation des secteurs économique et financier, rétablir la confiance dans l’économie et répondre durablement aux difficultés économiques et sociales, il est urgent d’adopter un ensemble substantiel, crédible et compréhensible de réformes économiques visant à restaurer l’équilibre budgétaire et la stabilité financière et à remédier aux lacunes structurelles dont souffre depuis longtemps l’économie libanaise. Un modèle de financement durable est nécessaire pour réduire la vulnérabilité de l’économie et sa dépendance à l’égard des financements extérieurs. Ces mesures sont de la plus haute importance pour répondre aux aspirations exprimées par les Libanais.
4. Le contexte exige des autorités libanaises qu’elles se consacrent pleinement à des mesures et à des réformes rapides et décisives dans le cadre d’une stratégie de stabilisation. Le Groupe appelle donc le Liban à adopter immédiatement un budget 2020 fiable, première étape sur la voie d’une programmation budgétaire pluriannuelle, comprenant notamment des mesures permanentes relatives aux recettes et aux dépenses, visant une amélioration durable du solde primaire tout en renforçant les filets de protection sociale afin de protéger les populations les plus pauvres et les plus vulnérables, ainsi qu’une stratégie de gestion de la dette. Il exhorte également les autorités libanaises à prendre des mesures déterminantes pour restaurer la stabilité et la viabilité du modèle de financement du secteur financier, lutter contre la corruption et la fraude fiscale (notamment par l’adoption d’une stratégie nationale de lutte contre la corruption, de la loi relative à la lutte contre la corruption, de la réforme judiciaire et d’autres mesures en faveur de la transparence et de l’obligation de rendre compte), réformer les entreprises publiques et mettre en œuvre le programme de réforme du secteur de l’électricité, y compris un mécanisme d’amélioration de la gouvernance (par l’intermédiaire d’une autorité de régulation indépendante) et améliorer notablement la gouvernance économique et l’environnement des affaires par l’adoption et la mise en œuvre effective de lois relatives aux marchés publics.
5. À plus long terme, dans les six premiers mois après la formation du gouvernement, il conviendrait de mettre en œuvre des mesures structurelles ambitieuses pour garantir un modèle économique durable. Le Groupe réaffirme que les conclusions de la conférence CEDRE, acceptées par les autorités libanaises le 6 avril 2018, sont toujours valables. À cet égard, les autorités libanaises doivent accélérer la mise en œuvre des projets existants, s’engager à hiérarchiser les différents projets du programme d’investissements dans les infrastructures en fonction des besoins et attentes de la population, et à créer un comité interministériel pour en surveiller la mise en œuvre rapide. Le Groupe estime que le soutien des institutions financières internationales est crucial pour aider les autorités à poursuivre leurs efforts visant à mettre en œuvre dans la durée les réformes économiques nécessaires.
6. Le Groupe réaffirme sa volonté de soutenir un Liban attaché aux réformes pour la mise en œuvre de cet ensemble général de mesures, notamment au moyen d’une assistance technique au nouveau gouvernement, et de garantir l’accès du Liban aux produits de base et aux facilités commerciales, comme cela est prévu par les programmes de facilitation du commerce, afin de préserver les moyens de subsistance de la population et la résilience économique. Il encourage les autorités libanaises à trouver des moyens raisonnables et durables de faire face à la crise actuelle, notamment grâce à l’appui de leurs partenaires de développement, en particulier des institutions financières internationales.
7. Le Groupe félicite les forces armées libanaises et les forces de sécurité intérieure d’avoir assuré la sécurité et le caractère pacifique des manifestations et, plus généralement, les droits des citoyens. Le Groupe réaffirme que le droit de manifester pacifiquement doit continuer d’être respecté et appelle toutes les parties à agir de façon responsable
8. La délégation libanaise a discuté des conclusions de la réunion avec les participants. Elle a remercié le Groupe pour son soutien et fait part de la détermination du Liban à en mettre en œuvre les conclusions avec l’appui de la communauté internationale. Dans ce contexte, le Groupe a réaffirmé qu’il était prêt à accompagner le Liban dans la définition de mesures précises à prendre et des modalités du soutien, un dialogue avec l’ensemble des composantes de la société civile et le secteur privé s’inscrivant dans ce processus.
9. Le Groupe se félicite de la perspective de futures réunions dans différents formats et niveaux selon les besoins.