Pays du Golfe : leur gestion de la crise sanitaire

Pays du Golfe : leur gestion de la crise du Covid-19 en question

Alors que la région du Moyen-Orient semblait avoir été épargnée lors des premiers mois de propagation du virus (hormis l’Iran et l’Irak), elle est aujourd’hui davantage touchée, mais de manière très inégale selon les pays. Comment les pays du Golfe, ont-ils géré la crise sanitaire ? En ont-ils profité pour l’instrumentaliser au profit d’un renforcement des pouvoirs ? Quid des conflits en cours dans ces conditions ? Le point avec David Rigoulez-Roze, chercheur associé à l’IRIS

Quelle est la situation sanitaire dans les pétromonarchies du Golfe ? Comment expliquer de telles disparités de situation entre les pays ?

Alors que, lors des premiers mois de la diffusion du Covid-19, la région du Moyen-Orient en général et des pays du Golfe en particulier – à l’exception notable de l’Iran où la pandémie a été officiellement admise du bout des lèvres le 19 février 2020 et qui en a immédiatement constitué l’épicentre pour des raisons spécifiques liées à des contacts étroits avec la Chine – semblait relativement épargnée, ce n’est plus tout à fait le cas un an après. La région est cependant aujourd’hui touchée de manière inégale selon les pays. Chez certains, la crise sanitaire prend des proportions alarmantes, car ils ne sont nécessairement pas équipés pour y faire face. Parmi les deux pays les plus touchés, on trouve donc l’Iran, mais aussi l’Irak voisin où la pandémie a été officiellement admise le 24 février 2020 avec un premier cas détecté à Nadjaf. Les pays du Golfe, en tout cas les pétromonarchies du CCEAG (Conseil de coopération des États arabes du Golfe), semblent s’en sortir mieux que les autres avec des disparités qui tiennent pour partie au nombre inégal d’habitants, ainsi qu’au nombre d’immigrés travaillant dans les pays : Arabie saoudite avec près de 370 000 cas et plus de 6 300 morts, Émirats arabes unis avec près de 250 000 cas et plus de 700 morts, Bahreïn avec près de 100 000 cas et plus de 350 morts début janvier 2021, Qatar avec près de 150 000 cas et près de 250 morts, Koweït avec plus de 150 000 cas et près d’un millier de morts, Oman avec plus de 130 000 cas et plus de 1 500 morts, le tout à la mi-janvier 2021.

Cela s’explique notamment, comme le relève Gilbert Rogier dans son rapport spécial sur la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord face à la pandémie de Covid-19, par le fait que « ces 25 dernières années, les pays du Golfe ont consenti des investissements substantiels dans les infrastructures et le personnel médicaux, avec pour résultat une nette amélioration de la qualité des soins. Selon une évaluation réalisée pour l’OMS en mars 2020, ces pays disposent des moyens nécessaires pour opposer une riposte durable à la crise déclenchée par le coronavirus ». De cette expérience et de leurs capacités médicales, les pays du Golfe ont apporté une réponse opérationnelle immédiate.

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