Orient XXI : Al-Dissi, un réservoir écartelé entre Amman et Riyad par Dana Jibril

24 juin 2011. Une canalisation du projet d’Al-Dissi, censé acheminer l’eau jusqu’à la capitale Amman, sur une distance de 320 km. François Molle/Flickr Article traduit de l’arabe par Ahmed Al-Arabi.

Orient XXIAl-Dissi est un bassin d’eau souterraine et non renouvelable, à cheval entre les royaumes jordanien et saoudien. Faute d’un véritable accord entre ces voisins, chacun y puise sans mesure, tentant sans succès d’assouvir ses projets agricoles grandioses ou ses besoins croissants en eau potable.

Nous sommes à 320 km au sud d’Amman, en plein cœur du désert qui entoure les monts de Wadi Rum pour atteindre les petits villages qui forment la municipalité des Villages du bassin d’Al-Dissi. Là, à des centaines de mètres de profondeur, se trouve un réservoir d’eau souterraine potable qui remonte approximativement de 10 000 à 30 000 ans, et qui s’étend dans un aquifère partagé entre la Jordanie et l’Arabie saoudite. Cette eau est non-renouvelable car les pluies ne parvient pas jusqu’au bassin.

Les deux pays ont découvert ce bassin à la fin des années 1960. On l’appelle Al-Dissi en Jordanie, tandis qu’il est connu sous le nom d’Al-Saaq en Arabie saoudite. La majeure partie de ces eaux se trouve à l’intérieur des frontières du royaume wahabite. Dans les années 1970, Riyad en a utilisée de grandes quantités pour cultiver des terres désertiques. En contrepartie, la Jordanie a, dans les années 1980, octroyé à des entreprises agricoles privées des concessions pour investir dans la région de Wadi Rum afin de cultiver du blé et des céréales pour le marché local, conformément à l’accord de l’époque. Mais en 2013, le gouvernement a commencé à capter l’eau d’Al-Dissi vers Amman et Aqaba à des fins potables. Il a alors annoncé que le réservoir continuerait à être alimenté en eau pour les 50 prochaines années. Cependant, plusieurs études remettent en cause ces prévisions sur la durée de vie du réservoir. Ces réserves soulèvent aussi des questions quant au bénéfice qui serait tiré de la canalisation d’eau d’Al-Dissi, alors qu’une entreprise turque l’exploite moyennant des coûts élevés pour le compte du gouvernement, et aux dépens de la relation entre la Jordanie et l’Arabie saoudite. LIRE LA SUITE