Migrants refoulés en Libye, le naufrage européen

Migrants refoulés en Libye, le naufrage européen
Migrants à bord d’un navire des garde-côtes libyens arrivant à la base navale de Tripoli, le 28 février 2021 Mahmud Turkia/AFP

Orient XXICheikh, un pêcheur de Tripoli, assiste sur sa chaloupe aux refoulements d’exilé.e.s par les garde-côtes libyens. Au large des côtes d’un pays ravagé par la guerre, cette pratique découle de l’externalisation du contrôle migratoire par l’Europe, au mépris du droit d’asile.

Dans le quartier de Tripoli où il vit depuis plusieurs années, Cheikh, un pêcheur originaire d’Afrique de l’Ouest, est témoin de la crise géopolitique et humanitaire qui frappe la Méditerranée centrale depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011. « Les garde-côtes libyens interceptent les migrants en mer et les mettent en prison sans leur faire de procès. Les migrants sont arrêtés non seulement en mer, mais aussi en ville », m’écrit-il. Dans nos échanges fréquents, il qualifie les exilé.e.s de « frères et sœurs », dont les épreuves l’accablent. « Sincèrement, je n’aime pas voir ces gens souffrir », soupire-t-il début janvier 2021, visiblement las.

Quand le climat permet de sortir sa chaloupe en mer, Cheikh voit passer des pneumatiques en mauvais état débordants de personnes précaires d’origines différentes, mais qui toutes fuient les conditions de vie difficiles en Libye et, pour certaines, la torture et les abus qui ont marqué leur séjour dans ce pays ravagé par une décennie de guerre.

LA SÉCURITÉ AVANT LE DROIT D’ASILE

Cheikh n’est pas le seul à s’alarmer. Le réseau Alarm Phone, qui anime une ligne téléphonique d’urgence pour les migrant·e·s se trouvant en situation de détresse en Méditerranée, estime qu’en 2020, 27 435 personnes ont tenté de quitter la Libye par la mer. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), environ 11 891 d’entre eux ont été renvoyés dans ce pays la même année.

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