L’émancipation des femmes, un premier pas vers le changement

Amel œuvre au quotidien en faveur de la dignité humaine

Alors que le Liban connaît une crise sans précédent, Amel Association International entend raviver le sentiment de citoyenneté et la solidarité entre les peuples, afin de promouvoir le respect des droits humains fondamentaux. Attachée à l’autonomisation des femmes et à l’égalité sociale, l’association a ainsi mis en place un panel de formations qui leur sont destinées, tel que le projet « Amel School » qui contribue à la grande dynamique de l’aide.

Les femmes sont, en effet, souvent les plus touchées par les situations de crise. Souffrant d’une plus grande dépendance financière, leur pouvoir d’achat en est d’autant plus affecté et elles sont davantage campées dans le chômage. En janvier 2022, le chômage frappait ainsi une femme active sur trois au Liban, selon l’Administration centrale des statistiques (CAS) et l’Organisation internationale du travail (OIT).

Constatant la réalité des inégalités d’opportunités dans le pays, Amel a mis en place des écoles du dimanche, gratuites, qui permettent de former ces femmes à des compétences qu’elles pourront valoriser économiquement. C’est notamment le cas du centre Amel de Haret Hreik, dans la banlieue sud de Beyrouth. IzdiharKhayreddine se rappelle avoir suivi des cours d’informatique avant de s’orienter vers le crochet. « J’avais déjà les connaissances de base en crochet, mais j’avais besoin de développer mes compétences. Auparavant, j’étais seulement capable de faire des réalisations classiques pour la maison, ce que je fabrique désormais est beaucoup plus élaboré. »

Dans ce centre, sont aussi dispensés des cours d’esthétique, de couture, de musique, d’événementiel, d’entretien des systèmes de ventilation ou encore de matériel informatique. Des femmes vulnérables de tous horizons et âges, tirent profit de ces formations pour apporter un revenu supplémentaire à leur foyer. Plusieurs d’entre elles ont, en effet, été capables de développer leur propre clientèle, alors que d’autres vendent leurs créations dans la boutique d’Amel, MENNA.

Des femmes telle que Qamar Amer, 24 ans, ont pu se lancer dans le commerce. « Au fur et à mesure, je peux faire des objets toujours plus beaux et plus sophistiqués. Mon activité professionnelle est en pleine expansion. » Le résultat est incontestablement positif : « Cette production me donne un travail, et me permet donc l’accès à de meilleures conditions de vie. » explique Zahra Arabo qui a commencé à se former en 2018.

L’éducation des femmes a également des effets vertueux sur la situation générale de leur foyer. C’est donc ici la cause plus large de l’empowerment féminin que défend Amel. Car, de fait, l’émancipation des femmesest une donnée essentielle du renforcement des conditions de vie au Liban. L’apprentissage du crochet est un exemple des moyens par lesquels Amel améliore la vision des femmes sur leur propre valeur en tant qu’individu et membre de famille. « Je peux gagner de l’argent et participer au revenu de ma famille. Amel nous a aidées à dépasser ces temps difficiles d’un point de vue économique, afin que nous ne soyons pas un fardeau pour la société. » rapporte IzdiharKhayreddine.

Cette évolution de statut social a également un impact psychologique non négligeable sur les femmes. Le travail est ce qui permet à la personne de se définir, de construire sa façon d’être en société, de fortifier son rapport aux autres et son regard sur soi-même. « Ma vie a tout d’abord changé d’un point de vue psychologique, car le travail m’apporte une énergie positive. » ajoute Zahra Arabo. De fait, les sociologues Christian Baudelot et Michel Gollac expliquent que le bonheur tiré du travail « provient du pouvoir d’affirmer son humanité en agissant sur la nature ou sur la société ». Le travail donne à l’individu du bonheur, parce qu’il lui donne la possibilité de créer des liens entre la société et lui, de s’intégrer.

Les sessions proposées par Amel Association International invitent, en effet, les femmes à sortir de leur foyer pour évoluer avec une communauté et apprendre les unes des autres. GhadaDallal habite dans un autre quartier de Beyrouth, mais fait le trajet jusqu’à Harat Hreik avec joie depuis six ans. Au centre, elle peut en effet échanger avec d’autres femmes venant toutes d’horizons très différents mais qui se ressemblent par leur volonté d’apprendre. Ce lieu permet, par ailleurs, la constitution de liens de solidarité horizontaux forts, puisque les élèves peuvent elles-mêmes devenir formatrices et transmettre leur savoir aux autres femmes. IzdiharKhayreddine est une perfectionniste, « J’ai encore à apprendre ! » dit-elle, mais elle contribue à renforcer l’entraide en enseignant à quelques autres femmes.

L’école gratuite développée par Amel annonce de réjouissantes perspectives. Elle est l’incarnation de la conviction première des ONG libanaises : l’aide horizontale s’avère plus efficace que l’aide venue d’en haut. Donnons alors aux femmes les clefs pour aider leurs semblables.