L’édito d’Elias Masboungi : Une histoire du nationalisme arabe …ou des nationalismes arabes

De la présentation de l’excellent livre de notre excellent ami Charles Saint-Prot qui vient de paraître chez «Karthala», nous empruntons ce passage qui exprime l’essentiel d’un sujet abondamment traité depuis plus de deux siècles : le nationalisme arabe…ou les nationalismes arabes bien, mal ou pas assez compris.

Contrairement à ce que prétend une certaine pensée unique, le nationalisme arabe n’est pas un concept vide de sens historique. C’est un système de pensée envisageant la réflexion sur l’homme autour de la notion de nation.

Le nationalisme arabe est, semble-t-il, aussi et surtout, une réaffirmation de soi, une récupération d’identité par les peuples arabes, la manifestation de leur volonté de reprendre place dans l’Histoire.

Le grand théoricien du nationalisme arabe et un des fondateurs du « Baas », Michel Aflak, disait que « le nationalisme ne peut pas être simplement un cri du cœur, une revendication légitime mais mal formulée. Il doit, au contraire, reposer sur des bases intellectuelles solides.

Se plaçant dans une perspective civilisationnelle, le nationalisme défend une vision du monde où chaque civilisation apporte sa note et sa richesse créative à la culture mondiale.

Par conséquent – et sans doute plus qu’un intégrisme sectaire n’offrant qu’une mauvaise caricature de l’Islam – le nationalisme arabe incarne une espérance.

L’auteur, spécialiste de la région, retrace les prémices du nationalisme arabe puis son développement et s’interroge sur la survie de ce courant majeur de la pensée nationale arabe. 

En feuilletant en survol l’ouvrage on retrouve, au gré des titres l’organisation politique du réveil arabe, la révolution arabe de 1916, le contre-régionalisme, les Frères musulmans ou l’instrumentalisation de l’Islam, le deuxième réveil arabe (1948), Michel Aflak ou le chemin du renouveau arabe, l’Irak du Baas, l’ambitieuse diplomatie des nationalistes arabes, Saddam Hussein, le conflit avec l’Iran, entre deux guerres, la guerre de Kowet, la chute des nationalistes arabes, la catastrophe et enfin la peu reluisante interrogation sur l’avenir de la nation arabe.

Enfin, le très utile dernier paragraphe de la conclusion :

« Plus qu’une option pour un modèle politique, le nationalisme arabe a été un  choix existentiel exhortant à ce que Saddam Hussein appelait un combat spirituel ».

Il a prôné un renouveau arabe fondé sur le progrès, l’entente interconfessionnelle, l’ouverture au monde…un ensemble de valeurs dont le monde arabe a encore besoin. Sans doute les frontières nées des découpages qui ont résulté des accords Sykes-Picot seront-elles difficiles à aboutir.

Mais, malgré les rivalités de personnes ou les divergences de vues sur les moyens, l’objectif est de donner une influence à la nation arabe.

Par conséquent – et dans doute plus qu’un intégrisme sectaire n’offrant qu’une mauvaise caricature de l’Islam – le nationalisme arabe incarne une espérance. Celle d’un printemps de la nation arabe dont ce mouvement a porté – et continue à porter – l’inépuisable volonté de vivre et de revivre. »