Le Liban et Israël font monter les enchères

Des véhicules de la Finul en patrouille à Naqoura, au Liban-Sud, le 11 novembre 2020. Mahmoud Zayyat/AFP

Le Liban et Israël font monter les enchères, par Mounir RABIH

Le pays du Cèdre pourrait adopter une position plus intransigeante après les sanctions américaines contre Gebran Bassil.

Les négociations sur la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël, qui se sont poursuivies hier sous l’égide des États-Unis dans une base de la Force intérimaire des Nations unies (Finul), à Naqoura, s’annoncent longues et ardues. Avant leur ouverture, l’administration américaine, par la voix du secrétaire d’État adjoint pour le Moyen-Orient David Schenker, qui avait rencontré plusieurs personnalités libanaises, avait fixé un délai de trois mois pour que ces pourparlers qui visent à lever les obstacles à la prospection d’hydrocarbures en mer aboutissent. Mais si, lors de la première session qui s’était ouverte le 14 octobre, les deux parties avaient commencé à négocier sur la base d’une zone maritime contestée de 860 km2, chaque délégation fait depuis monter les enchères et adopte une position plus intransigeante. Ainsi, le Liban estime, depuis la deuxième session qui s’est tenue les 28 et 29 octobre, que la superficie de la zone contestée comporte une partie supplémentaire de 1 430 kilomètres carrés plus au sud, s’étendant dans une partie du champ gazier de Karish dont Israël a confié l’exploration à la société grecque Energean. À quoi la délégation israélienne a riposté hier en adoptant une position maximaliste, selon une source proche de la délégation libanaise : elle a fixé une frontière maritime beaucoup plus au nord, conformément à la ligne 310, qui arriverait presque au sud de Saïda… Dans le cadre de cette surenchère, Israël affirme ainsi que cette ligne lui donnerait des droits sur les blocs 9 et 8, et même sur une partie du bloc 5, d’après la même source. La délégation libanaise a pour sa part campé sur sa position lors de ce nouveau round des négociations au cours desquelles les deux parties ne s’adressent pas directement la parole. Face à cette « guerre des cartes », comme l’a qualifiée l’experte Laury Haytayan à l’AFP, les pourparlers d’hier ont été prolongés d’une heure à la demande de la délégation israélienne, dans une tentative de parvenir à un point de convergence. Selon la même source proche des négociateurs libanais, la délégation américaine ainsi que les représentants de la Finul ont tenté de raisonner les deux parties pour qu’elles reviennent à la négociation sur la base des 860 km2, comme stipulé dans l’accord-cadre qui avait été annoncé par le président du Parlement, Nabih Berry, le 1er octobre. Malgré ce durcissement dans les positions des deux parties, un communiqué conjoint de l’ONU et des États-Unis a qualifié ce troisième round de « productif ». Les deux médiateurs ont dit être « confiants dans le fait que les négociations aboutiraient à un règlement tant attendu », et la date de la prochaine session a été fixée au 2 décembre.

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