L’Américain Flowserve met la main sur Segault. Cette entreprise française fournit les robinetteries des sous-marins nucléaires français et du porte-avions Charles-de-Gaulle. Le ministère des Armées prépare sa défense.
L’industrie française de la défense fourmille de milliers de petites entreprises stratégiques souvent inconnues du grand public. Parmi ces PME, Segault fournit à Naval Group les robinetteries des chaufferies nucléaires qui équipent les sous-marins nucléaire français -dont le Suffren– ainsi que le porte-avions Charles-de-Gaulle.
Cette entreprise basée dans l’Essonne pourrait passer sous pavillon américain via le rachat par l’Américain Flowserve de sa maison-mère canadienne, Velan, une entreprise de 1650 salariés. Fondée en 1921, Segault avait été rachetée par Velan en 2007.
« Avec son solide positionnement sur les marchés du nucléaire, de la cryogénie, de l’industrie et de la défense et son portefeuille de produits hautement complémentaires, l’ajout de Velan renforce notre stratégie de diversification », explique Scott Rowe, président de Flowserve
Velan est une acquisition stratégique pour Flowserve. L’entreprise canadienne équipe les navires de la marine américaine et de l’OTAN, ainsi que tous les sous-marins et porte-avions nucléaires de l’US Navy. Les robinetterie de Segault sont stratégiques par leur capacité de résister à des températures de 2000°K.
« La messe n’est pas dite »
L’entreprise française pourrait ainsi fournir ses technologies pour les sous-marins australiens fournis par les Etats-Unis dans le cadre d’Aukus. Cet accord géopolitique signé avec l’Australie et le Royaume-Uni est à l’origine de la rupture du contrat de sous-marins avec la France.
Révélé par La Tribune, ce projet pourrait être finalisé « d’ici à la fin du deuxième trimestre 2023 ». La transaction d’un montant de 245 millions de dollars doit théoriquement être réalisée entièrement en espèces, assure Flowseerve dans un communiqué.
L’opération serait un véritable coup dur pour la souveraineté française en matière de défense en général et pour la dissuasion en particulier. Mais pour le ministère des Armées, « la messe n’est pas dite ». Dans « les prochaines semaines, un plan sera présenté pour protéger « les entreprises françaises participant à la dissuasion nucléaire de se faire acquérir par des fonds ou des entreprises étrangères ».