L’Arabie saoudite a un plan audacieux pour prendre le contrôle du marché à 700 milliards de l’hydrogène
L’Arabie saoudite tente de se positionner en tête du marché de l’hydrogène. Le royaume construit une usine de 5 milliards de dollars pour fabriquer du carburant vert pour l’exportation et réduire la dépendance du pays vis-à-vis des pétrodollars.
Atlantico : Pour réduire sa dépendance au pétrole, l’Arabie Saoudite se tourne vers l’hydrogène et lance un plan d’ampleur pour devenir l’un des leaders de ce marché. Comment s’articule ce plan ?
Jean-Pierre Favennec : L’Arabie Saoudite dispose de fait des plus vastes réserves de pétrole dans le monde. En outre c’est un pétrole facile à produire, qui lui apporte l’essentiel de sa richesse.
La transition énergétique qui vise, au moins dans certains pays, à remplacer progressivement les énergies fossiles par des énergies qui n’émettent pas de gaz à effet de serre (solaire, éolien, hydraulique, le nucléaire étant un cas à part) pour éviter le réchauffement du climat a été accélérée par la crise de la COVID. Ceci pose à l’évidence un problème à l’Arabie Saoudite (ainsi qu’aux autres pays producteurs de pétrole) dont la production pétrolière est menacée à terme. Depuis de nombreuses années l’Arabie annonce des plans pour réduire sa dépendance au pétrole. Mais ces plans sont restés d’une ampleur assez faible. On peut comparer par exemple la construction de deux réacteurs nucléaires et d’une ville entièrement alimentée par de l’énergie renouvelable à Abu Dhabi aux réalisations très limitées de Riyad.
La volonté de transformation de l’Arabie est cependant réelle et la mise sur le marché d’une – petite – partie de la grande compagnie pétrolière Saudi Aramco vise à dégager des fonds pour permettre le développement de nouvelles sources de revenus