La guerre et le marché des armes Chapour Haghighat in Histoire de la crise du Golfe (1991)

La crise du Golfe a démontré à quel point la prolifération et l’accumulation d’armes dans une région particulièrement sensible pouvaient être la source de dangereuses tentations. Elle a relancé en Occident le débat sur la vente de matériel de guerre au tiers-monde, en particulier dans les zones de tensions. Elle a révélé que ce commerce non seulement pouvait mettre en péril les équilibres régionaux, mais risquait aussi de se retourner contre les pays vendeurs et de nuire à leur propre sécurité et à leurs intérêts à long terme.

Les conditions d’un consensus général étaient réunies pour stopper cette course effrénée aux armements, dévastatrice pour l’économie des pays en voie de développement et menaçante de surcroît pour la paix mondiale. Les événements du Golfe ont ainsi suscité l’espoir de voir enfin s’opérer une restriction du transfert des moyens de destruction vers le Moyen-Orient, grâce à une limitation des exportations et à une application plus stricte des réglementations. Cependant, cette attente s’est soldée par une profonde désillusion. En dépit des bonnes intentions et des grands discours, le cynisme et le double langage ont rapidement refait surface.

Au lendemain de la défaite irakienne, le président Bush avait affirmé à plusieurs reprises sa détermination d’imposer un contrôle plus sévère du marché à destination du Moyen-Orient et le 29 mai 1991, il annonçait un programme de réglementation du commerce de matériel militaire et appelait les principaux pays producteurs — États-Unis, URSS, France, Grande-Bretagne et Chine — à se concerter, afin d’adopter certains principes, applicables à tous, qui permettraient de maîtriser la prolifération des arme… EN SAVOIR  PLUS


Le monde se trouve tout à coup devant la menace d’une guerre à grande échelle. Comment en est-on arrivé là ? Cet ouvrage analyse les origines historiques, géopolitiques, économiques et sociales de cette crise, décrit les ambitions régionales de Saddam Hussein et les éléments conjoncturels et structurels qui ont précipité son agression contre le Koweït. Il explique également l’importance économique et géostratégique du Golfe, la politique des grandes puissances au Moyen-Orient après le changement des relations Est-Ouest ainsi que le rôle des États-Unis dans la conduite de la guerre, à la tête de la coalition anti-irakienne. Enfin, Chapour Haghighat s’interroge sur les conséquences de cette guerre qui était censée rétablir l’ordre et le droit. Le dictateur que l’on voulait éliminer est toujours en place et les Kurdes ont été une fois de plus abandonnés à leur sort. A-t-on réellement mis fin à la course infernale aux armements au Moyen-Orient ? A-t-on réglé le problème de la prolifération des armes nucléaires ? A-t-on favorisé l’accession au pouvoir de régimes plus démocratiques ? À l’évidence, la guerre s’est soldée par une écrasante défaite de l’Irak et la restauration du régime koweïtien mais ne porte-t-elle pas les germes de nouveaux déséquilibres et de profondes transformations dans le monde arabe ? Et n’a-t-elle pas accru le fossé entre l’Occident et le monde arabo-musulman ?