la France essuie un nouveau revers à Bruxelles

Alors que le plan « Net Zero Industry Act » de la Commission européenne se précise, la filière de l’énergie nucléaire en demeure exclue. Ce qui la priverait des subventions de Bruxelles.

Dans son discours du 24 mars à Bruxelles, Ursula von der Leyen a souligné les limites de l’appui de l’Union européenne à l’énergie nucléaire, dans le cadre du règlement concernant la production domestique de technologies propres. Une gifle pour la France, qui défend au contraire l’intégration du nucléaire dans le « Net Zero Industry Act ». Plus inquiétant encore, un plan détaillé dans un « document de travail » recense les « technologies stratégiques à zéro émission » qui bénéficieront d’un « soutien particulier » de la part de l’UE. Le nucléaire n’y est pas mentionné une seule fois, alors que le secteur a de gros besoins de financement, comme le prouvent les difficultés actuelles d’EDF. Et que la France veut lancer un ambitieux programme de construction de nouveaux réacteurs.

La Commission a finalement cédé : « Nous avons trouvé un accord avec l’Allemagne sur l’utilisation future des carburants de synthèse dans les voitures », a déclaré samedi le commissaire européen à l’Environnement, Frans Timmermans, sur Twitter. Traduire : un compromis a été trouvé in extremis, qui avantage les constructeurs automobiles d’outre-Rhin (BMW, Daimler, Volkswagen…), opposés à une interdiction totale dès 2035. « Les véhicules équipés d’un moteur à combustion pourront être immatriculés après 2035 s’ils utilisent exclusivement des carburants neutres en termes d’émissions de CO2 », a précisé le ministre allemand des Transports, Volker Wissing.

Cette option ne satisfait pas les ONG environnementales, qui jugent la technologie des carburants de synthèse coûteuse, énergivore et polluante. Sans oublier que le développement des véhicules électriques entraînera une baisse progressive de leurs prix, ce qui pourrait diminuer l’attrait de voitures utilisant ces carburants de synthèse. À l’exception peut-être des modèles haut de gamme dont les constructeurs allemands sont justement les champions.

« La France s’était inclinée face à ces délais, alors que les constructeurs nationaux n’étaient à l’époque pas prêts, s’agace un expert industriel. Aujourd’hui qu’ils le sont, Renault en tête, l’Allemagne obtient de modifier l’agenda à son profit. On aurait pu penser que l’exécutif allemand ferait – en échange – preuve de souplesse dans le dossier nucléaire. Et c’est l’inverse ! » Malgré des efforts persistants pour convaincre son plus important partenaire de modérer son opposition totale à l’atome, Paris échoue donc une fois de plus. Le temps presse. L’échéance du plan « Net Zero » voulu par l’UE, supposé répondre au plan « vert » américain de 400 milliards de dollars de subventions voté à la fin de l’année dernière, approche.