
Avec la fin du libre arbitre de l’homme (battu par plus intelligent que lui, mais pas obligatoirement par le plus fort), avec la fin de la diversité démocratique (tout le monde obéissant à la même intelligence supérieure), avec l’altération du principe de puissance (jusqu’alors caractérisé par la force), avec la dévalorisation de la notion de frontière (celles des traités, de celui de Berlin ou celui de Svalbard et d’une kyrielle d’autres lignes de partage négociées), avec la démonétisation des organisations internationales et de leurs chartes en déshérence, la communauté des nations risque de s’effondrer sous elle-même. Les traits des civilisations hier vivantes iront en s’estompant, à cause de l’IA, qui, entre temps, sera une « super IA » assistée d’ordinateurs quantiques « réagissant uniformément » et en temps réel. Justement, c’est imparable !
L’Histoire récente et la géographie sont certes encore prégnante de la colonisation des Phéniciens à Carthage, de celle de Rome sur le pourtour méditerranéen, des Chinois dans le Sud-Est Asiatique et jusqu’en Sibérie, des Ottomans, de la France ou de la Grande-Bretagne et du reflux – pour ne pas dire de la décadence – de leurs empires. On admet que sans le désastre de Diên Biên Phu et surtout sans la pantalonnade infligée à la France à 60 kms du Caire devant les menaces soviétiques et les semonces américaines du 7 novembre 1956 – lorsque « l’Opération Mousquetaire » tourna à l’avantage diplomatique pour Nasser – la Guerre d’Algérie n’aurait jamais eu lieu. Oui, Nasser, le plus faible, a battu le plus fort, ce jour-là (la Grande-Bretagne, l’État Hébreu et la France, coalisés). Mais c’est épiloguer à revers et nous n’en sommes plus là ! Merci à Moscou et à Washington. La France, l’Angleterre, l’Allemagne sont aujourd’hui dans un même état de décrépitude sans qu’il n’y ait là de rapport avec la « décolonisation ». Avec la mondialisation, la téléphonie et internet, tout le monde colonise dorénavant tout le monde de multiples façons. Et j’ajoute, pour parler du faible qui bat le plus costaud, que l’Afghanistan a battu à plate couture successivement l’Union Soviétique et les États-Unis d’Amérique. Les colonisés d’hier sont les colonisateurs de demain, démarche à laquelle ils s’adonnent le plus souvent sans expérience ni mesure, directement ou par intermédiaire : les USA en sont l’exemple le meilleur. Au mieux, ils font des enfants « à la mitrailleuse » et ils investissent l’ancienne métropole.
La Diplomatie devrait enfin pouvoir jouer. Mais alors sans IA ! Dans de telles conditions il convient de pratiquer le jeu de rôle hors la vue de toute caméra. Déguisé.
Nous aurons en effet à composer avec les règles – nouvelles pour l’humain – de l’ordre primordial antérieur, celui de la jungle de Kipling. Pour le comprendre et se reposer l’esprit, utilisons les codes les plus immémoriaux, encore capables de défier l’IA – grâce à l’usage de langages disparus pour l’humanité ignorante. Les Dragons sont les premières créatures sorties du néant primordial. Ce seront eux qui donneront naissance au monde, humains compris. Ils font figures de divinités pour les Chinois. C’est un animal fantastique avec des griffes de lion, des ailes et une queue de serpent. Les dragons porteront les couleurs chinoises !
Aux cow-boys américains, je donnerai comme animal fétiche la Vache : le Bœuf domestique est une espèce de bovin issu de l’Aurochs sauvage. La perception des couleurs des bovins est peu connue, mais il est généralement considéré qu’ils sont surtout réactifs aux couleurs ayant une longueur d’onde proche du rouge. Ils s’inscrivent dans une hiérarchie de dominance. Une fois cette hiérarchie établie, elle ne sera plus remise en cause. Autrefois, les mots vache et bœuf désignaient familièrement un agent de police. Dans les religions abrahamiques, l’adoration de bovins est une représentation du polythéisme à travers le récit du culte du veau d’or, ce qui colle avec les alliances des Américains de par le monde et àla personnalité de monsieur le président Trump.
Le loup représentera volontiers le Russe. Les loups sont des animaux très territoriaux qui s’établissent souvent dans des territoires beaucoup plus grands qu’ils n’en ont besoin pour survivre, « s’assurant ainsi un approvisionnement régulier de proies ». Le Canis lupus arctos – en Français : le loup arctique – est un symbole culturel ou religieux pour de nombreuses civilisations. L’espèce a donc inspiré beaucoup de mythes et de légendes, ainsi que des histoires comme le loup-garou, les enfants-loups ou encore la bête du Gévaudan. La soumission passive du loup se produit habituellement en réaction à l’approche d’un individu dominant, où le loup soumis se trouve en partie sur son dos et laisse le loup dominant lui renifler le périnée. On sera d’autant plus attentif à la rencontre, à Riyad, entre la Vache Donald et Vladimir le Loup, sous l’œil perçant de l’Aigle Royal, que personnifie MBS. Pas de Dragon à Riyad.
Retour en Olympe
Dieu merci, l’IA est encore incapable de décoder ce que pourront faire et se dire ces animaux mythiques et grandioses, malades de la Paix.
XH
(17 février 2025)
Notes :
3 https://mondafrique.com/a-la-une/la-diplomatie-de-donald-trump-na-ni-amis-ni-ennemis/
4 “Call me but love and I’ll be new baptiz’d ; Henceforth I never will be Romeo. » (Romeo and Juliet II, I, 89-92, p. 270)
6 Ce dernier autorise ses signataires (le Canada, le Danemark, les États-Unis, l’Islande, la Norvège, la Russie, la Finlande, la Suède, la Chine et d’autres) à exploiter la zone arctique (pêche, chasse, tourisme, recherches scientifiques, industrie…). Exception faite à la Chine, pourtant signataire, n’ayant accès à aucun de ces droits.