LA DERIVE DES DEUX RIVES… par Elias MASBOUNGI

Le titre du livre de Christian Chesnot et Georges Malbrunot paru récemment : « Le déclassement français » – et plus précisément le terme : « déclassement» – est un excellent survol des événements de ces dernières décennies au plan des relations de la France avec le Levant et le Maghreb.

Avec un bon tiers consacré à la diplomatie hasardeuse d’Emmanuel Macron, premier et seul chef d’Etat ami à se rendre, à deux reprises, au chevet du pays du cèdre menaçé cette fois-ci de disparition.

Et ce dernier mot n’est pas exagéré si l’on voit, sans les énumérer, les divers maux qui mènent le pays au délitement.  Pour traiter ce mal, il n’est pas exclu qu’un consensus mondial le mette sous tutelle tant il a failli à ses obligations. D’abord envers lui-même et ensuite envers ses amis en refusant de s’aider lui-même.

Derniers épisodes, vacance au niveau du pouvoir, puis paralysie prolongées au niveau du gouvernement, ravages déjà irréparables de la corruption à tous les niveaux et tout récemment une sérieuse menace de marginalisation d’une communauté à l’avantage d’une autre. Avec toutes les complications qui mettent en danger – voire mettre fin – au pacte fondateur déjà fragilisé par les coups successifs de l’intérieur et de l’extérieur.

Que pouvaient faire le Président Macron et les autres amis venus un peu tard au chevet du malade ? 

De la persuasion verbale, des conseils assortis de mises en garde et de menaces de sanctions ? Déjà trop tard, le mal étant incurable et ses causes insaisissables.

Le système mafieux et l’Etat impuissant ont accumulé tant de dégâts que nul ne saurait dire ce qui arrivera au pays et à ses communautés (pour ne pas dire son peuple).

Pour en revenir à Emmanuel Macron, empruntons ces quelques phrases parues sur la pochette du livre de nos amis Chesnot et Malbrunot :

«Après avoir autopsié le rêve brisé du président français de redresser le Liban, avec ses stériles coups de gueule contre les dirigeants de Beyrouth et son surprenant pas de deux avec le Hezbollah, les auteurs montrent comment, dans le dossier mémoriel avec l’Algérie, il s’est retrouvé piégé par les caciques du régime, des vieillards insensibles à ses gestes d’ouverture… mais prompts à se faire soigner en Fran sans jamais payer la facture »…

Le terme « vieillards insensibles » pourrait s’appliquer à nombre de dirigeants libanais qui, autour du m aître de l’Elysée, à la résidence des Pins ont, eux aussi, ignominieusement menti promettant de se mettre en retrait pour céder la place aux jeunes.

Pour conclure, reprenons une autre phrase de la présentation du livre :

Emmanuel Macron se voulait « le maître des horloges ». Dans le sérail oriental, il aura découvert que le temps est loin d’avoir la même mesure des deux côtés de la Méditerranée.