IRIS : Le Moyen-Orient et le Maghreb face à la crise de Covid-19 : où en est-on ? Le point de vue de Didier Billion

IRIS :Soft Power et manœuvres géopolitiques d'influence

Le Moyen-Orient et le Maghreb face à la crise de Covid-19 : où en est-on ?

Le point de vue de Didier Billion. Didier Billion est directeur adjoint de l’IRIS. Docteur en Science politique et certifié d’Histoire et Géographie, Didier Billion est spécialiste de la Turquie et du Moyen-Orient. Auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur les problématiques régionales, il a en outre rédigé de multiples études et notes de consultance pour des institutions françaises (ministère de la Défense, ministère des Affaires étrangères) ainsi que pour des entreprises françaises agissant au Moyen-Orient. Il a rejoint l’IRIS en 1991 et en est devenu un des directeurs adjoints, après avoir été directeur des études, puis directeur des publications et rédacteur en chef de La Revue internationale et stratégique. Il enseigne par ailleurs au sein d’IRIS SUP’.

Si le nombre de cas de contamination et de décès dus au Covid-19 au Moyen-Orient et au Maghreb semble faible, où en est la situation sociale et sécuritaire dans cette région. Le point avec Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS.

Qu’en est-il de la situation sociale et sanitaire au Moyen-Orient et au Maghreb face à la crise liée au Covid-19 ?

Nous constatons une situation apparemment paradoxale. Au vu des médiocres infrastructures médicales et sanitaires publiques et de la forte proportion de populations paupérisées, donc souvent de santé fragile, on pouvait effectivement craindre, au début de la pandémie, que le Covid-19 induise des pertes humaines conséquentes. À ce jour, ce n’est pas ce qui s’est produit. Les chiffres transmis par les autorités des États du Moyen-Orient, que l’on doit donc considérer avec les plus grandes précautions, sont très faibles tant en nombre de personnes contaminées qu’en nombre de décès. Certes, des États comme l’Iran ou la Turquie ont été brutalement atteints, mais les chiffres sont sans commune mesure avec ceux que connaissent les pays européens ou latino-américains.

Les mesures de confinement ont été prises très tôt et la nature autoritaire des régimes de la région en a, sans nul doute, permis une application stricte. Ainsi, de fortes amendes, voire des peines d’emprisonnement, sanctionnaient les citoyens qui ne se conformaient pas au confinement ou aux couvre-feux mis en place dans quelques pays.

Mais le facteur principal qui permet de comprendre pourquoi les effets de la pandémie ont été moindres que dans d’autres parties du monde, réside très certainement dans la structure démographique des pays concernés. Partout, les populations sont en effet jeunes. Pour mémoire, l’âge médian dans la région Moyen-Orient/Afrique du Nord est d’environ 22 ans, alors qu’il est de 28 ans au niveau mondial. Nous sommes donc dans une situation comparable à celle qui semble prévaloir en Afrique et qui expliquerait le nombre peu important de contamination et de décès.

Pour autant, nous insistons, les chiffres auxquels nous avons accès laissent dubitatifs. C’est particulièrement flagrant dans les pays qui sont le théâtre de conflits, comme la Libye ou le Yémen, dont nous savons l’état sanitaire catastrophique. LIRE LA SUITE