IRIS : LA DIVERSITÉ RELIGIEUSE EN IRAK par Léa LAVAUD

LIrak est un espace territorial à la confluence de plusieurs ensembles civilisationnels et religieux. C’est ce qui lui donne sa singularité ethnique et religieuse, qui lui a fait connaître des tensions fortes durant des années, et encore aujourd’hui. Le territoire irakien représente une ligne de fracture dans la région entre l’Islam sunnite et l’Islam chiite, en plus d’une fracture entre monde arabe, monde persan et monde turc. Ainsi, ne serait-ce qu’en raison de sa position géographique, il est témoin de la conflictualité liée à des divergences religieuses, et a fortiori « ethniques».

Dans le pays, les religions constituent un élément fondamental des identités, comme en témoigne la Constitution. L’Irak est un pays majoritairement musulman, soit près de 95 % de la population. Toutefois, une opposition très forte existe entre chiites et sunnites. Les chiites représentent la communauté la plus nombreuse, environ 65 % de la population, principalement localisée au sud du pays, près de la frontière iranienne. Les sunnites, présents dans le sud-ouest, le centre et le nord du Kurdistan irakien, sont moins nombreux, soit environ 35 % de la population. De plus, dans le nord du pays, s’ajoutent aux Kurdes sunnites, les groupes alévis, yézidis et mandéistes.

Enfin, les deux autres grandes religions monothéistes cohabitent sur le territoire irakien : les chrétiens, moins de 5 % de la population, et les juifs, encore moins nombreux. En 1981, un règlement irakien sur la protection des minorités mettait en lumière la présence de dix-sept groupes religieux officiellement reconnus. Elles étaient regroupées en quatre groupes religieux minoritaires : les chrétiens, les yézidis, les sabéens-mandéens et les juifs.

Dans un premier temps, il faut revenir sur la rivalité entre sunnites et chiites pour comprendre la complexité du pays, notamment au niveau de la politique et de la gouvernance. En 1979, Saddam Hussein, qui ne revendiquera son appartenance à l’Islam sunnite qu’à partir de 1991, arrive au pouvoir et veut s’imposer en homme fort du monde arabe. Au même moment, en Iran, la révolution islamique chiite est en marche, ce qui fait craindre à Hussein une possible révolte de la part des chiites irakiens. Pour prévenir d’éventuels mouvements, cette communauté étant perçue comme une menace pour la stabilité politique du pays et de la région par Saddam Hussein, ce dernier s’attaque alors LIRE LA SUITE DE LA NOTE