IRIS : « La découverte de nouveaux gisements gaziers au Maroc est incertaine » propos recueillis par Marouane Kabbaj pour Maroc Hebdo

Quels sont les enjeux et les répercussions de la cessation de l’approvisionnement du Maroc en gaz naturel par l’Algérie, depuis le 1er novembre 2021, via le gazoduc Maghreb-Europe?

Le Maroc achetait du gaz algérien qui était transporté par ce gazoduc pour desservir deux centrales électriques et, d’autre part, il bénéficiait de droits de transit liés au passage par son territoire du gaz algérien allant vers la péninsule ibérique, l’Espagne et le Portugal. Avec la décision algérienne d’arrêter le gazoduc Maghreb-Europe à compter du 1er novembre 2021, le Maroc a perdu ces deux éléments. Concernant le gaz pour la consommation interne du Maroc, il fallait que les autorités marocaines trouvent au plus vite une alternative pour éviter des problèmes d’approvisionnement en électricité.

Pour cela, il y a plusieurs options. Certaines sont à court terme, d’autres à moyen et long termes, sachant qu’à court terme, on a forcément moins d’options qu’à moyen et long termes puisqu’on peut investir et développer des stratégies. A court terme, le Maroc avait le choix entre importer des combustibles fossiles (charbon…) pour remplacer le gaz algérien ou alors importer de l’électricité du continent européen. L’on savait que le gaz algérien était utilisé pour produire de l’électricité dans des centrales thermiques. A moyen et à long termes, la première option, qui n’est pas sûre du tout, c’est que l’on découvre de nouveaux gisements gaziers au Maroc. Mais il n’y a aucune garantie que cela arrive. L’exploration, c’est une grosse prise de risque. L’autre option à moyen et à long termes est de poursuivre le développement des énergies renouvelables, ce qui est en cours depuis de nombreuses années. Le Maroc a, dans ce sens, un plan ambitieux en matière d’énergies renouvelables, notamment éolienne et solaire, en vue de faire monter en puissance ces deux sources d’énergie dans la production de l’électricité. Une option qui a fait du renouvelable une priorité de sa politique énergétique. Il y a une autre option qui consiste à importer du gaz naturel liquéfié.

Est-ce réalisable, techniquement parlant ?

Le gaz algérien était importé par gazoduc, donc importé sous sa forme gazeuse. Mais on peut transformer ce gaz naturel en liquide. C’est ce qu’on appelle le gaz naturel liquéfié (GNL). L’avantage d’un gaz liquide, c’est qu’il peut être transporté et acheminé à destination dans des bateaux ou des navires qu’on appelle des méthaniers.

Depuis longtemps, le Maroc avait des projets en matière d’importation du gaz naturel liquéfié mais leur mise en œuvre fut reportée. Un jour, les responsables marocains ont dit qu’il n’est forcément pas nécessaire de le faire à l’horizon 2020-2021 et qu’on pouvait le reporter à 2028. Mais il y a toujours cette option d’importer du gaz liquéfié qui ne serait pas du gaz algérien mais plutôt du gaz en provenance d’autres pays producteurs et exportateurs de gaz.

Parlez-vous de certains pays en particulier…

Oui, on pourrait importer du Nigéria, des Etats-Unis, de la Russie, du Qatar… Mais pour cela, il faut que le Maroc soit équipé d’un terminal qui lui permet de recevoir les méthaniers et de regazéfier le gaz liquide. LIEN VERS LA SUITE DE L’ARTICLE