Immigration : comment font les États européens

Au XXIe siècle, le gouvernement de l’immigration devient l’une des principales dimensions de l’action étatique. Dans les pays d’émigration, les États vont devoir préserver leurs intérêts et veiller en particulier à ne pas être dramatiquement dévitalisés par une hémorragie de compétences et de talents. Dans les pays d’immigration, les États vont subir la pression de centaines de milliers de migrants fuyant la misère ou la guerre, l’oppression ou un climat insupportable. Les pays européens seront la destination d’une part importante de ces flux. Sa liberté, sa richesse et son humanisme rendent l’Europe irrésistible. D’autant plus que sa position géographique offre diverses voies d’accès. Mais, accueillir des migrants en grand nombre finira inévitablement par déboucher sur une crise si les États européens n’assument pas pleinement leur rôle souverain qui est de défendre leurs intérêts, leur territoire et leur population.

Pour mieux comprendre, il faut se comparer. Nous avons réalisé un tour d’Europe des politiques nationales d’immigration. Au terme de cette étude, il est clair que la France n’a pas de vision stratégique en la matière. Nous ne sommes pas en mesure de dire quels intérêts nous avons à l’immigration, quelles sont nos préférences, quels sont nos objectifs. Il est impossible de mesurer l’efficacité des décisions. Ainsi, par certains aspects, notamment notre offre de santé, la France est le pays le plus attractif. Cette générosité ne se justifie pas du point de vue de l’État, ni du point de vue de nos obligations en matière d’asile, ni du point de vue de nos besoins de main-d’œuvre puisqu’il n’y a aucune sélection a priori des entrants.

Nous avons besoin d’une politique d’immigration conçue depuis notre intérêt d’État et dans le cadre européen. Nous espérons contribuer à son élaboration par cette nouvelle note.