France Info : Sahara occidental : quatre questions pour comprendre la crise entre l’Algérie et le Maroc

Le roi du Maroc, Mohammed VI, le 6 novembre 2021 à Rabat (Maroc). (MOROCCAN ROYAL PALACE / AFP)

Depuis le 1er novembre et la mort de trois camionneurs algériens dans le Sahara occidental, territoire disputé, les relations entre les deux pays se sont fortement dégradées.

Le Sahara occidental « n’est pas à négocier ». Les propos du roi du Maroc, Mohammed VI, samedi 6 novembre, à propos de ce territoire disputé depuis des décennies entre son pays et les indépendantistes sahraouis soutenus par l’Algérie, sont sans équivoque. Depuis l’été, les tensions entre le Maroc et l’Algérie sont exacerbées, atteignant un point culminant le 1er novembre, avec la mort de trois camionneurs, pris dans un bombardement, au Sahara occidental. Franceinfo fait le point en quatre questions sur ce conflit enlisé depuis des décennies entre l’Algérie et le Maroc.

1 Que s’est-il passé ?

Si depuis un an les relations entre l’Algérie et le Maroc se sont progressivement dégradées, les tensions se sont accrues après le 1er novembre, à la suite de la mort de trois camionneurs algériens pris dans un bombardement sur le territoire du Sahara occidental.

Alger accuse Rabat d’un « lâche assassinat », commis « avec un armement sophistiqué (…) alors qu’ils faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla », entre la Mauritanie et l’Algérie, a affirmé la présidence algérienne dans un communiqué publié jeudi. Elle a également dénoncé « la gravité extrême de l’acte de terrorisme d’Etat en question, qu’aucune circonstance ne saurait justifier » et a assuré que « l’assassinat de ces trois Algériens ne restera[it] pas impuni ».

Officiellement, Rabat n’a toujours pas répondu directement à ces attaques, a relevé TV5 Monde vendredi. Mais officieusement, « si l’Algérie veut la guerre, le Maroc n’en veut pas. Le Maroc ne sera jamais entraîné dans une spirale de violence et de déstabilisation régionale », a réagi auprès de l’AFP une « source marocaine informée »« Si l’Algérie souhaite entraîner la région dans la guerre, à coups de provocations et de menaces, le Maroc ne suivra pas », a insisté la même source, qui a requis l’anonymat.

2 Quelles sont les origines de cette crise ?

Elle a débuté le 13 novembre 2020. Depuis 1991, un cessez-le-feu a été conclu entre le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie qui réclame l’indépendance de ce territoire, après seize années de conflit. Mais cette trêve, globalement respectée pendant une trentaine d’années, a été rompue. L’armée marocaine a mené une opération dans la zone tampon du poste-frontière de Guerguerat (extrême-sud) pour rétablir le trafic routier vers la Mauritanie, coupé par les indépendantistes sahraouis. En réaction, le Front Polisario a décrété l’état de guerre.

Un mois plus tard, la tension est remontée d’un cran, quand le Maroc a obtenu du président américain Donald Trump la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental (reconnaissance qui a été confirmée durant l’été par Joe Biden, rappelle RFI). En contrepartie, le Maroc a normalisé ses relations avec Israël. Des rapprochements vus d’un mauvais œil par l’Algérie, qui a rompu ses relations diplomatiques le 24 août avec le Maroc, l’accusant de soutenir le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), qu’Alger considère comme une organisation terroriste.

Enfin, le 31 octobre dernier, le président algérien a décidé de couper le gaz au Maroc. Or le gaz algérien recouvre 97% des besoins marocains, relève l’AFP. Depuis 1996, l’Algérie a expédié vers l’Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME), qui passe par le Maroc. En contrepartie de ce transit, Rabat recevait annuellement près d’un milliard de mètres cubes de gaz naturel.

3 Pourquoi le Sahara occidental est-il convoité ?

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