Le 30 novembre les autorités syriennes ont saisi une demi-tonne d’amphétamines à destination de l’Arabie Saoudite. En 2020, l’exportation de cette drogue de synthèse représentait un marché de trois milliards et demi de dollars, une manne financière considérable pour un régime à l’économie exsangue.
Avec David Rigoulet Roze, chercheur à l’Institut Français d’Analyse Stratégique (IFAS) et chercheur associé à l’IRIS. Rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques.
Dans les Enjeux internationaux récemment, la chercheuse Fatiha Dazi-Heni mentionnait le captagon, une drogue que l’Arabie saoudite se plaignait de trouver régulièrement dans des cargaisons de fruits et légumes en provenance du Liban…
Depuis, les autorités syriennes ont à leur tour annoncé plusieurs saisies de captagon, des millions de pilules dissimulées dans des chargements de pâtes ou des boîtes de pâtisseries orientales, toujours à destination de l’Arabie saoudite.
Le régime de Bachar al-Assad a beau jeu d’annoncer ces prises par ses officiers de police, toutes les enquêtes sur le sujet, et la dernière en date celle du New-York Times ce week-end, confirment que le trafic est contrôlé par des proches de Bachar al-Assad et que la Syrie est bel et bien devenue un narco-Etat, le plus jeune narco-Etat au monde sur les ruines de la guerre.
« Le captagon est une molécule qui a été synthétisée par une entreprise allemande dans les années 60, destinée à traiter des troubles de l’attention et l’hyperactivité. Elle a été interdite dans les années 80 et classée comme substance stupéfiante en 86. Ce qu’on appelle Captagon aujourd’hui n’est pas le Captagon originel avec la molécule fénétylline, c’est un ersatz de Captagon qui combine une molécule avec de la caféine et d’autres produits. Un psychotrope actif et utilisé largement comme drogue récréative aujourd’hui. » David Rigoulet-Roze
» Historiquement, il y a un complexe militaro-industriel syrien. D’ailleurs, le régime a utilisé des armes chimiques dans la Ghouta, en 2013. Il se trouve qu’entre expertise scientifique et pharmacologique, la frontière est assez mince. Il y avait donc un capital humain et scientifique qui pouvait développer ce type de trafic, en utilisant les infrastructures initialement liées au complexe militaro industriel. » David Rigoulet-Roze LIEN VERS L’ARTICLE