propos recueillis par Michel Taube
Docteur Fady Gemayel, vous êtes Président de l’Association des industriels libanais (AIL) et depuis juin dernier le président de la Fédération européenne des fabricants de carton ondulé (FEFCO). Vous êtes aussi le dirigeant de plusieurs entreprises françaises du secteur de l’emballage, notamment Norpaper. Emmanuel Macron arrive à Beyrouth ce soir pour la seconde fois depuis l’explosion tragique du port de Beyrouth. Où étiez-vous le 4 août à 18h et comment avez-vous vécu l’explosion dans le port de Beyrouth qui a dévasté la capitale libanaise ?
J’étais retenu en rendez-vous. A quelques minutes près, j’aurais été fauché. J’ai découvert un paysage de désolation, apocalyptique, des millions d’éclats de verre. A la fois la mort à domicile pour des milliers de mes concitoyens et un crime contre l’humanité.
Les visites d’Emmanuel Macron, est-ce de l’ingérence comme le dénoncent certains Libanais ?
Rappelons-nous que le président français intervient face et en réponse à un crime contre l’humanité. Nous attendons du monde libre une réaction à ce qui s’est passé, à une véritable tragédie dont l’ampleur est telle que le Liban ne peut s’en remettre seul.
Nous avons besoin d’être aidés à reprendre nos libertés. Nous avons besoin d’être aidés à construire un contrepoids face à une présence extérieure de moins en moins masquée et relayée dans le pays par des forces devenues hostiles aux intérêts du peuple libanais, lesquelles forces nous privent littéralement de nos décisions politiques mais aussi économiques. Par exemple, ce ne sont pas les Libanais qui ne veulent pas accéder à l’aide du FMI.
Donc oui, nous saluons la présence de la France à nos côtés. Elle ouvre de grands espoirs pour tous les Libanais qui veulent reconstruire le Liban et lui donner un nouvel espoir.