Elysée : La France tente de désamorcer la crise saoudo-libanaise

WP1-Orient le JourA la faveur des entretiens à Paris avec l’émir Mohammed Ben Nayef : LA FRANCE TENTE DE DESAMORCER LA CRISE SAOUDO-LIBANAISE

imgresLa tension grandissante libano-saoudienne a été évoquée hier lors des entretiens qui ont eu lieu à l’Elysée entre le Président François Hollande et le prince-héritier et ministre de l’Intérieur du royaume, l’émir Mohammed Ben Nayef qui s’était rendu auparavant à l’hôtel Matignon pour y rencontrer le premier ministre Emmanuel Valls.

Parallèlement, la crise libano-saoudienne a été également  évoquée par M. Jean-Marc Ayrault, ministre des A.E. et du Développement International qui recevait son homologue saoudien, M. Adel  Al  Jubeir.   Et si au cours de ces rencontres les relations entre Beyrouth et Ryad n’ont mérité qu’une petite part en comparaison avec les échanges de vues sur les questions bilatérales, les guerres en Syrie et au Yémen et d’autres crises dans le monde, il n’en reste pas moins que la tension saoudo-libanaise a été évoquée par la partie française sous l’angle des relations traditionnelles franco-libano-saoudiennes.

Une source proche de l’Elysée et du Quai d’Orsay a souligné hier soir que Paris a tenu à inclure la crise politique saoudo-libanaise à l’ordre du jour des réunions d’hier tant au palais présidentiel qu’à Matignon et au Quai d’Orsay pour souhaiter que les deux parties, amies de la France mettent fin à l’escalade verbale et que les dirigeants saoudiens fassent preuve de compréhension et de magnanimité à l’égard du Liban et de son peuple en tant que tels. En se concentrant sur leur adversaire lui-même, c’est-à-dire le Hezbollah pour son alignement sur l’Iran d’une part et sur sa participation des combats en Syrie d’autre part.

« Il ne faut pas insulter l’avenir » a dit à ce propos une personnalité française faisant allusion à des développements positifs et à des changements politiques et diplomatiques que l’on pourrait constater dans les prochaines années et peut-être même dans les prochains mois.

Deuxième volet du dossier  saoudo- libanais évoqué hier à Paris et à Ryad (où se trouve actuellement l’ambassadeur Jérôme Bonnafont, directeur de la section Afrique du Nord et Moyen Orient au Quai dOrsay) : l’affaire de « Saudi Oger » – dont PDG n’est autre que  M. Saad Hariri –  et  la situation dramatique de ses milliers de salariés qui n’ont pas été payés depuis des mois, parmi lesquels figurent des centaines de cadres français. A ce sujet, au cours des entretiens de Matignon, la partie saoudienne aurait rassuré ses interlocuteurs français affirmant que non seulement cette question sera réglée mais qu’aucune entreprise française se trouvant en Arabie Saoudite ne serait affectée par la conjoncture économique de ce pays.


Pour en revenir au point de presse du ministre des A.E. à l’issue de la réunion dite en format « E3-UE » qui a groupé autour de M. Jean-Marc Ayrault ses homologues allemand et britannique, respectivement MM. Frank-Walter Steinmeier  et Philip Hammond ainsi que la haute représentante européenne, Mme Gabrielle Mogherini,  elle portait sur la crise syrienne et ses conséquences sur le Liban et la région.

« Nous avons pu analyser  les derniers développements de la crise syrienne qui reste un enjeu crucial et qui est existentielle » a déclaré à la presse, le chef du Quai d’Orsay qui était entouré des trois autres participants à la conférence. Il a ajouté que les participants à cette concertation sont d’accord sur la question syrienne et qu’ils souhaitent une reprise rapide des négociations inter-syriennes à Genève, l’objectif étant de parvenir à une solution politique crédible pour « mettre fin au calvaire que vivent depuis longtemps la population syrienne et de cette région ».

Le chef de la diplomatie française a ajouté : « Nous sommes également d’accord pour considérer que, pour que  ces négociations redémarrent de façon crédible, deux conditions doivent être réunies, à savoir l’accès de tous les Syriens à l’aide humanitaire en respect des résolutions des Nations Unies et le plein respect de la trêve comme l’ensemble des parties s’y sont engagées à Munich ».

La deuxième condition, a indiqué M. Ayrault est que des progrès sur le terrain ont été constatés et que ces progrès doivent être poursuivis et accentués ».

Si ces deux conditions ne sont pas réunies, a conclu le chef de la diplomatie française, c’est le processus de négociation qui sera voué à l’échec.

A l’heure des questions-réponses, les trois ministres et Mme Mogherini ont développé presque les mêmes  vues sur la question syrienne notamment  un encouragement ferme à l’opposition syrienne modérée conduite par M. Hijab qui a accepté  au nom des 104 groupes de cette opposition la cessation des hostilités à l’exception des opérations contre « Daech » et « Al Nosra ».

Enfin, à une question sur l’existence d’un plan B pour la solution de la crise syrienne, le ministre français a répondu que pour l’instant il n’y a pas d’autre hypothèse et que des consultations ont eu lieu durant  cette réunion « E3-UE »avec le ministre saoudien des A.E. sur les divers aspect de la crise syrienne.

Cette journée  diplomatique marathonienne serait incomplète sans  citer la concertation téléphonique, toujours sur la Syrie, entre le Président Hollande, la chancelière Angela Merkel, le premier ministre britannique David Cameron et le président du conseil italien, M. Matteo Renzi.

Il s’agissait en fait de tout faire pour fournir de l’aide humanitaire au peuple syrien et de renforcer leurs actions communes en vue de la solution de la crise syrienne.

Les dirigeants européens ont appelé le président Vladimir Poutine, dans le cadre de cette concertation pour lui demander, selon des observateurs diplomatiques,«d’influencer les autorités syriennes pour parvenir à un règlement du conflit le plus rapidement possible ».