Edito du 6 juin 2020 : SYRIE : L’HEURE DU CHANGEMENT A-T-ELLE SONNE ? par Elias Masboungi

Par Elias Masboungi

SYRIE : L’HEURE DU CHANGEMENT A-T-ELLE SONNE ?

Il est plus difficile de négocier une partition qu’une réunification, affirmait un diplomate européen après le divorce à l’amiable tchécoslovaque, ajoutant que seuls des dirigeants de haut niveau auraient pu longuement et patiemment négocier pour parvenir à la double naissance des républiques tchèque et slovaque.

L’évocation de cette énorme prouesse diplomatique des temps modernes peut servir de prologue à tout ce qui se dit et s’écrit sur des solutions fédérales ou cantonales en Syrie, en Irak et aussi au Liban si géographiquement soit-il.

Pour ne parler que d’un de ces « hommes malades » du Levant en ébullition, la Syrie, on prête à la diplomatie russe l’intention d’y fonder un régime fédéral après le remplacement du Président Assad par un conseil de transition, une sorte de directoire doté d’une présidence tournante. Il reste que ceci ne serait pour le moment qu’une idée à soumettre aux autres grandes et moins grandes puissances, à savoir les USA, la Turquie et l’Iran.

Le déclencheur de cette initiative « poutinienne » serait la confrontation entre le président syrien et son cousin Rami Makhlouf accusé d’avoir amassé des milliards de dollars  avant et à la faveur de la guerre dans le pays.

L’agence libanaise « Al Markazia » cite dans ce contexte une déclaration du chef de la diplomatie russe, M. Serguei Lavrov et un sondage également russe évaluant à « 32 pour cent seulement » la proportion des Syriens qui voteraient pour la réélection de Bachar en 2021.

Moscou ayant pu sauver le régime syrien de l’effondrement sans avoir pu, ni peut-être même voulu, consolider son pouvoir pour les prochaines années arguant au passage de la nécessité de se conformer à la résolution 2254 du Conseil de Sécurité de l’ONU invoquant le droit du peuple syrien à décider de son sort.

Les Russes ont-ils déjà sondé les intentions de Américains à ce sujet ? L’heure de l’action diplomatique a-t-elle sonné maintenant que le territoire de l’Etat Islamique se réduit comme une peau de chagrin ?

Des milieux diplomatique bien informés répondent par l’affirmative et ajoutent même que Washington préconise un conseil militaire de transition groupant des officiers supérieurs relevant de diverses communautés et ethnies du pays « opposées à une présence permanente iranienne dans le pays… Cette condition est-elle un voeu pieux US ou une idée approuvée par la Turquie voisine qui estime depuis un bon moment que Téhéran a une trop grande influence à Damas du fait de ses solides engagements militaire, politique et économique dans le pays ?

Autre son de cloche diplomatique concordant : l’Iran aurait réalisé qu’un retrait de la scène syrienne pourrait être un jour devenir un « must » et une carte maîtresse dans ce bras de fer diplomatique planétaire qui semble déjà porter sur ses voisins irakien et libanais.

Il ne resterait plus l’Iran que d’échanger cette carte au prix le plus cher.