Par Elias MASBOUNGI Grand événement en Turquie : Erdogan pose la première pierre d’une église syriaque Virage politique ou simple troisième round des « municipales » d’Istanbul ? dans l’histoire moderne de la Turquie. L’événement est en tout cas de taille. Le Président Recep Tayyip Erdogan a posé la première pierre d’une église syriaque dans le quartier de Yesilkoy et l’importance de cet événement est double. Le premier est qu’il s’agit du premier édifice de culte chrétien dans un pays où les églises sont fermées ou transformées et mosquées depuis l’avènement, en 1923, de la république de Moustafa Kemal Ataturk qui prônait curieusement la laïcité alors que l’empire ottoman entretenait, avec des hauts et des bas, des relations normales avec tous ses sujets. Le deuxième point important de ce geste du Chef de l’Etat turc est le contenu de sa déclaration de circonstance lorsque, entouré par des prélats syriaques orthodoxes en tenue d’apparat, il a affirmé « C’est le devoir de la République turque de satisfaire les besoins d’espace de la communauté syriaque pour pratiquer son culte. Les Syriaques sont des enfants antiques de cette région. N’oubliez pas, ce pays appartient à tout le monde ; tous ceux qui y sont attachés sont des citoyens à part entière Il n’y a aucune barrière en politique, dans le commerce ou toute autre secteur en Turquie. J’espère que la construction, financée par les Syriaques eux-mêmes, une communauté qui compte 17.000 membres, sera achevée d’ici deux ans. » |
Lorsque M. Erdogan était premier ministre, en 2009, il avait ordonné à la municipalité d’Istanbul de trouver un terrain pour l’église syriaque orthodoxe et le choix était tombé sur ce quartier périphérique chic de la ville. Bonne nouvelle… Il était temps, peut-on dire mais s’agit-il d’un geste politique du Chef de l‘Etat turc à la suite de sa récente défaite électorale aux « municipales » d’Istanbul dont les résultats avaient été auparavant annulés ? Ou d’une nouvelle inflexion de sa politique qui pourrait accroître ses chances d’être reconduit à la magistrature suprême ? Entretemps, on n’aura pas manqué de remarquer cette préséance accordée aux communautés chrétiennes de Turquie avec les références historiques et les éloges qui s’imposent. Embourbé dans la crise syrienne et engagé dans des parties de bras de fer avec les USA et des puissances régionales qui le laissent seul face aux Kurdes de Syrie, la position actuelle de M. Erdogan n’est guère enviable ; Pour en revenir à son geste envers les Syriaques orthodoxes de son pays, il faudra attendre… et s’attendre de la part d’Erdogan à une véritable ouverture à l’intérieur. Par du concret…qui pourrait aborder la question des droits historiques dont il a lui-même parlé. |