Edito du 3 septembre 2019 : FUMER SON CIGARE PRES D’UN BARIL DE POUDRE.

Par Elias MASBOUNGI

FUMER SON CIGARE PRES D’UN BARIL DE POUDRE.

 

De mémoire de Libanais on n’avait pas vécu un retour à la vie normale aussi rapide que celui de ce dimanche 1er septembre 2019 au Liban-sud, suite à l’embrasement de quelques heures sur la ligne de démarcation libano-israélienne.

Si la flambée était attendue, le déroulé de cet accrochage si vite « circonscrit » a surpris les observateurs les plus attentifs.

Rappelons-nous qu’en l’espace de deux heures, le Hezbollah a annoncé une attaque à la roquette d’un blindé israélien avec huit morts à la clé alors que l‘armée d’en face affirmait par la bouche d’un porte-parole de choix, le Premier ministre Benjamin Netanyahou, avoir riposté aussitôt avec cent obus sur trois villages libanais.

De quoi déclencher la plus grande frayeur dans toute la zone et un exode massif des habitants vers le nord. Malgré les images télédiffusées en direct du chapelet de bombes et des incendies d’un côté et celles des évacuations héliportées de l’autre, des déclarations fusent de part et d’autre pour dire que « ce serait tout pour aujourd’hui ».

Et le lendemain, doutes sur l’authenticité de l’opération d’évacuation des soldats blessés et constatation que les tirs n’avaient en fait que provoqué des incendies à la périphérie des trois villages visés.

Le tout suivi d’un appel à la retenue mutuel et d’affirmations que la vie normale avait repris dans la région.

A-t-on frôlé l’affrontement général ou entamé une longue période d’actes-représailles ?

Avec les réserves d’usage, on peut dire que ce combat multiformes que se livrent les USA et l’Iran depuis un bon moment ne se présentera pas sous la forme d’une guerre généralisée mais d’une longue série d’attaques par armées interposées. A savoir le Hezbollah pour l’Iran et Israël pour les Etats-Unis. Contraintes politico-économiques pour les premiers et craintes électorales pour les autres.

Avec comme théâtre principal d’opérations, le Liban, terrain propice pour diverses raisons dont la crise économique la plus grave de son histoire moderne et les divisions internes plus profondes que jamais. Ce qui peut se faire au Liban ne peut être fait dans les autres pays environnants (Syrie et Irak).

En somme, un ou deux ans de graves turbulences avec danger de « crash » pour le pays du cèdre et une guerre d’usure pour Tel-Aviv. Les grands protagonistes ayant choisi, pour des raisons différentes, de rester en retrait.

La question est maintenant de savoir quelles sont les chances d’une réconciliation entre l’Iran de Khamenei et les USA de Donald Trump.

Le régime de Téhéran semble bien disposé pour une telle réconciliation s’il pouvait obtenir les conditions les meilleures et sauver la face devant son opinion publique ; à condition que cette réconciliation ne prenne pas la forme d’une reddition qui menacerait le régime.

Côté Trump, pas d’inconvénient pour une réconciliation avec Téhéran avec comme condition « zéro nucléaire », un arrêt de « l’exportation de la révolution islamique » et ses instruments et en premier lieu le Hezbollah ainsi qu’une normalisation avec les pays arabes du Golfe et du sud-ouet asiatique.

Il reste que nul ne peut affirmer qu’il n’y aura pas d’affrontement généralisé et que l’on ne peut continuer à fumer son cigare près d’un baril de poudre…