Edito du 3 mars 2020 : LA TURQUIE ENTRE LE RÊVE OTTOMAN ET L’ISLAMISME ARABE

Par Elias Masboungi

LA TURQUIE ENTRE LE RÊVE OTTOMAN ET L’ISLAMISME ARABE

Remise à jour par le Président Recep Tayip Erdogan, l’ambition ottomane de la Turquie est-elle un espoir de rêve ou un risque de cauchemar ?

On sait que depuis son élection, le président turc ne manque pas une occasion d’évoquer la grandeur de l’empire en passant sous silence sa chute. Dans une recherche atavique d’un rôle de puissance régionale qui a du mal à passer dans ce monde arabe subissant hier encore les affres d’une occupation parvenue aux confins du bassin méditerranéen sud. Avec une domination aussi douloureuse d’une partie de la Péninsule Arabique qu’on se plaît à appeler aujourd’hui le « Golfe ».

Dans sa quête effrénée d’un leadership régional au nom de l’Islam, Erdogan se heurte justement à l’islamisme arabe multiforme et multidimensionnel qui ne veut ni ne peut reconnaître en reconnaître un autre. Non seulement en raison des affres de la domination ottomane mais aussi parce que le monde arabe estime avoir récupéré la légitimité de l’héritage culturel et religieux islamique.

Hier encore et pour asseoir son influence en Méditerranée et dans le Golfe,  Ankara finançait des dizaines d’universités, de centre d’études et d’associations allant de sa frontière syro-irakienne à celle qui délimite aujourd’hui les territoires algérien et marocain. Avec de timides percées en Arabie Saoudite, aux Emirats Unis et d’autres pays du C.C.G à concrétiser encore par des accords bilatéraux ou collectifs avec les pays de la région.

Objectif difficile à atteindre sinon impossible en raison des sérieuses divergences entre un islamisme turc nouvelle vague et un islam arabe à géométrie variable qui ambitionne de restaurer la grandeur de ses califats. Enrichi d’un apport afghan libéré d’une occupation russe.  Et, tout récemment, du joug américain par un accord programmé de retrait des GI’s.

Ben Laden, sa Kaïda et les petits qu’ils ont engendré, le wahabisme sorti de l’isolement avec les ambitions qu’on lui connaît ont créé une dynamique que ni l’empire ottoman d’hier ni la révolution islamique exportatrice ne peuvent endiguer.

Si l’on ajoute les potentialités et l’influence de la monarchie saoudienn dans le monde arabo-musulman, on mesure l’importance des obstacles devant le rêve ottoman d’Erdogan.

Avec un risque grandissant de cauchemar né de l’embourbement en Syrie et de la  confrontation avec l’Europe avec la Russie, sans un soutien ferme de l’Oncle Donald.