Edito du 27 octobre 2019 : UNE NOUVELLE « GUERRE DES AUTRES » ?

Par Elias Masboungi

UNE NOUVELLE « GUERRE DES AUTRES » ?

La « révolution » libanaise doit être prise en main et encadrée par nos élites si nous voulons éviter un dérapage fatal. Sans comparaison aucune avec ce qui s’est passé entre 1975 et 1990 et que le grand Ghassan Tuéni a appelé « La guerre des autres », on constate aujourd’hui que deux axes s’affrontent sur le champ de bataille nommé Liban et il ne faut être ni un fin analyste ni un politologue averti pour désigner les antagonistes. A savoir l’alliance américano saoudienne qui veut occire le Hezbollah contre le tandem Iran-Syrie soutenu par Moscou.

La révolte est certes « made in Lebanon » et il faut avant tout la protéger contre cette internationalisation.

M. Trump qui a tout essayé pour s’offrir la tête de Hassan Nasrallah l’inscrivant sur la liste des chefs de groupe terroriste sans succès puis adoptant des sanctions et des pressions financières avant de trouver que ce serait plus simple de mobiliser la majorité des Libanais qui lui sont hostiles quelles que soient les conséquences sur le pays du cèdre déjà miné par la corruption et les divisions. 

 

Cette révolte héroïque de nos jeunes risque donc d’être instrumentalisée si elle n’est pas immédiatement structurée et dotée d’un objectif précis et d’une feuille de route.

L’ancien ministre Charbel Nahas – curieusement ignoré par la majorité –  s’est exprimé sur You Tube –  pour mettre le doigt sur le vrai problème, établir un diagnostic et proposer une feuille de route qui mérite la plus grande attention.

Il n’y a pas une minute à perdre et il faut appeler à une convention révolutionnaire avec la participation de représentants de tous les groupements qui tiennent la rue. Afin que cette légitimité populaire qu’elle revendique soit facilement décryptée à l’intérieur et à l’extérieur.

Sans une telle plateforme et une volonté de dialogue interlibanais réel ce sera l’anarchie et la faillite.

Gare au vide constitutionnel crient les uns et « partez tous » rétorquent les autres. Il doit y avoir un moyen de faire entendre la voix de la raison et s’engager vite sur la voie d’une solution aujourd’hui encore possible.

Demain ce sera trop tard.