Edito du 26 août : LA RELEVE DU LEVANT par Elias Masboungi

Par Elias Masboungi

LA RELEVE DU LEVANT

Le méga projet de reconstruction de la Syrie et de l’Irak vient d’inclure le Liban et l’on pourrait qualifier cette cette gigantesque opération de «Relève du Levant».

Il reste que les pays de la zone n’ont rien de commun sinon la position géographique.

La spécificité de chacun émanant des circonstances et de la nature de leur passé dévastateur.

Une invasion militaire en Irak, une guerre civile en Syrie et le véritable cataclysme du port et de la ville de Beyrouth.

Les vautours des grandes entreprises mondiales intensifient déjà leurs survols pour mieux repérer leurs cibles en tenant compte des paramètres politico-techniques qui s’imposent.

En Syrie, n’est pas bienvenu qui veut. Les fleurons hexagonaux seraient exclus d’office du fait de la politique française à l’égard du régime toujours en place. Au pays des Omeyyades, la Russie et la Chine se taillent déjà la part du lion laissant quelques broutilles à d’autres asiatiques et européens.

En Irak, les « niets » sont plus rares mais la conjoncture est plus complexe aujourd’hui et pour les prochaines années où aucun règlement n’est encore en vue. Sans compter que cette antique Mésopotamie a tendance à se démembrer pour mieux se retrouver

AU Liban, l’envergure des travaux est plus réduite et les obstacles énormes.

Qui fera quoi, qui traitera avec qui et surtout qui paiera qui et combien… Les Libanais pillés et dévastés mesurent l’ampleur de la catastrophe et mesurent aussi la gravité de leur délit d’indifférence.

La Jordanie presque voisine vit dans crainte d’une nouvelle amputation projetée par l’ennemi israélien devenu plus inquiétant depuis l’accord de paix.

Enfin, Israël hier menacé se retrouve encore en état de « danger de paix » que les embrassades Netanyahu-MBZ ne suffisent pas encore à rassurer.

Autant dire une conjonction de sables mouvants et de pièges sous-jacents de où seuls des casse-cous oseraient s’aventurer.

Il est vrai que la sérénité n’est pas pour demain mais il est tout aussi évident que les grandes entreprises n’attendent pas que les canons se taisent et que les situations se tassent pour se rendre sur les lieux, repérer leurs objectifs et établir leurs priorités.

Côté chiffres, la Banque Mondiale lâche par bribes des chiffres culminant à 400 milliards, laissant entendre que des zéros pourraient s’ajouter tant que les armes ne se sont pas tues.

Pour décourager ses adversaires et concurrents hardis, Washington affirme vertement qu’il n’y aura pas de reconstruction…dans la zone.  

Il n’en reste pas moins que même aux pires moments des combats sur le croissant irako-syrien, les palaces de Bagdad et de Damas regorgeaient d’hommes d’affaires en veston-mallette repérant les chantiers potentiels. Certains constatant en temps réel et avec un cynisme inouï l’ampleur des destructions pour mieux reconstruire.

D’autres « courtiers honnêtes » conseillaient et promettaient que tout serait remis sur pied grâce aux technologies les plus récentes et avec les financements nécessaires pour les infrastructures de demain.

Opportunisme, cynisme, réalisme, qu’importe… Tel est le cycle infernal qui fait tourner le monde depuis la nuit des temps.