Edito du 20 août 2019 : Une leçon de démocratie en provenance de Khartoum?

Par Elias MASBOUNGI

Soudan : Une leçon de démocratie en provenance de Khartoum?

 

Dans le monde arabo-africain, le Soudan et la Tunisie ont toujours fait figure d’«espoirs » en matière de démocratie. Les voilà qui avancent à grand pas mais dangereusement vers un retour à une vie normale faite de liberté, de stabilité et de prospérité.

Après une interminable parenthèse de près d’un peu moins d’un demi-siècle (les régimes de Jaafar Al-Noumeiri et d’Omar Al Bachir) voici que le peuple soudanais manifeste et se manifeste pour parvenir dans un délai-record à une formule associant les militaires et les leaders politiques au sein d’un « Conseil Souverain de Transition » né le 17 août 2019 dans une liesse générale ternie aussitôt par des combats où le nouveau pouvoir a liquidé en quelques heures des unités « suspectes » pour conforter son statut de pouvoir légitime qui serait mis en place officiellement dans 39 mois en vertu d’élections prévues en 2022.

Le chemin est donc encore long et semé d’embûches mais, alors que d’autres pays de la sphère arabo-africaine se débattent dans une sanglante recherche de transitions, le Soudan semble donner à ses pairs et voisins une belle leçon de démocratie.

L’histoire du peuple soudanais depuis l’indépendance est en effet prometteuse d’un avenir radieux si l’on tient compte d’épisodes tels que l’essor du plus grand parti communiste arabe de l‘histoire récente et de l’exercice d’une authentique démocratie où le légendaire Sadek Al Mahdi, diplômé d’Oxford, Premier ministre à deux reprises entre 1966 et 1989 , entrecoupées par un leadership de l’opposition, avant d’être renversé avec le Président Ahmed Al-Mirghani par le colonel Hassan al-Bachir.

Accord historique donc ce 17 août avec la désignation des membres du « Conseil souverain » issu de la signature des dirigeants militaires et de la contestation qui a confirmé « l’embastillement »  et le procès d’Omar al-Bachir qui a dirigé le pays d’une main de fer durant trois décennies. Accord accompagné de craintes que le général Mohammed Daglo (commandant d’une force paramilitaire  et N° 2 du Conseil militaire) ne tente de s’accaparer le pouvoir et de tuer dans l’œuf le processus démocratique.

Un analyste soudanais cité par l’AFP, Abdel Latif al-Bunni, le plus grand risque dans l’immédiat pour la transition serait la volonté de vengeance de certains estimant que cela mènera forcément à un affrontement entre l’ancien régime  et les nouveaux dirigeants.

Question subsidiaire : quid du sud-Soudan chrétien qui a fait sécession suite à la volonté d’Oman Al-Bachir d’imposer la charia à l’un des pays les plus vastes du continent noir.

Le proche avenir nous le dira probablement.