Edito du 18 novembre 2019 : LE NOUVEAU MUR…

Par Elias Masboungi

LE NOUVEAU MUR…

Il était déjà en construction mais on en voit déjà la structure.

D’un côté les USA, leur protégé, le royaume d’Arabie et un retrait, leur pupille Israël.

De l’autre, l’Iran et la Syrie, protecteurs, la Russie et la Chine et leurs élèves, le Hachd Al Chaabi irakien, le Hezbollah libanais et accessoirement les rebelles houthis du Yémen.

Tout ce monde en ébullition s’oriente très lentement (et il ne faut être ni fin stratège ni politologue affirmé pour le constater) vers un nouvel ordre régional. Les deux grands patrons étant les USA et la Russie. Les premiers désireux de se concentrer désormais sur l’orient extrême et la deuxième voulant asseoir son autorité sur une zone voisine, après la confirmation il y a deux décennies de sa présence sur les eaux chaudes méditerranéennes.

Les bases militaires de M. Poutine et la présence militaro-économique des ayatollah en Syrie, ajoutées à « l’anarchie créative » en Mésopotamie d’une part ;  le train en marche de la « révolution » libanaise  pris par les USA  –  qui construit 

une méga-ambassade à Awkar avec une infrastructure militaire souterraine inédite dans le pays –  d’autre part constituent les supports de ce mur qui nous fait penser non à celui de Berlin mais à celui qui séparait jadis l’URSS du monde dit libre.

De négociations intermittentes en flambées contrôlées, Moscou et Washington se dirigent vers un schéma dont on voit déjà plus que les contours : une Syrie stabilisée à l’ombre de  la grande sœur et son voisin pacifié avec un hezbollah relibanisé sous une sorte de « garde nationale » cantonnée dans le sud du pays. Israël en serait déjà ravi et l’Arabie Saoudite et ses petits frères du Golfe plus rassurés.

Mais que de larmes et de sang avant ce partage des grands qui semble encore pour certains une utopie.

Les mille et un obstacles du dossier nucléaire iranien, la trêve irano-saoudienne, la difficile pacification de l’Irak, le devenir de la « révolution » libanaise et d’autres diables cachés dans le détail des négociations…

Le Liban de demain serait donc aligné sur un côté du mur et son voisin syrien adossé sur l’autre pan.

Encore faut-il que le pays du cèdre se montre beau joueur et ne décide pas un jour de se mettre à califourchon…