Edito du 14 janvier 2020 : LA LIBYE OU L’IMPROBABLE ENTENTE

Par Elias Masboungi

LA LIBYE OU L’IMPROBABLE ENTENTE

Depuis qu’Emmanuel Macron a organisé à l’Elysée en mai 2018 l’Elysée une conférence de paix sur la Libye pour y mettre fin à la situation catastrophique créée par le conflit armé, alors encore latent, entre l’armée du Maréchal Khalifa Haftar  qui frappe aujourd’hui aux portes de Tripoli tenue par le gouvernement internationalement reconnu de Fayez Sarraj, la diplomatie internationale a connu des hauts et des bas au niveau de ses efforts pour réunifier ce important pays afro-méditerranéen.

A l’époque, le maréchal demandait tout simplement à être le ministre de la défense de l’ancienne « Jamahiriya » de Kadhafi et la brochette de Chefs d’Etat présente à Paris et le représentant de l’ONU, Ghassan Salamé n’étaient parvenus qu’à une déclaration de bonnes intentions votée et non signée par les participants et la tension n’a pas tardé à monter sur le terrain. L’Egypte voisine de l’Est soutenant fermement le maréchal et les autres voisins et puissances concernées se rangeant aux thèses de l’ONU.

« Vous allez voir ce que vous allez voir… » s’était alors dit le chef de « l’Armée Nationale Libyenne » furieux de ne pas avoir obtenu un poste gouvernemental qui, pensait-il, lui revenait tout naturellement du fait qu’il commandait la seule troupe soutenue par une aviation opérationnelle.

Les choses ayant empiré avec la marche sur Tripoli de l’ANL et ses frappes aériennes qui intervenaient à chaque tentative de

résistance, on s’est retrouvé dans une impasse récemment aggravée par une intervention de l’outre-méditerranéenne Turquie aux côtés du gouvernement Sarraj contré par ailleurs par le «de Benghazi » dit démocratiquement élu.

 Et ce n’est qu’à la mi-janvier 2020 qu’une nouvelle tentative de conciliation a été menée à l’initiative de la Russie qui a pu réunir MM. Sarrai et Haftar à Moscou pour un dialogue par délégués russes interposés.

Et le conseiller du président de l’Assemblée Libyenne, M. Hamid As Safi d’annoncer un fiasco tonitruant dès le premier jour de cette conférence moscovite dont les organisateurs ont vite reconnu que les positions des antagonistes étaient encore très loin de s’entendre même sur un document d’instauration d’une trêve avec un mécanisme d’application.

L’obstacle principal étant le refus par le maréchal Haftar d’une présence turque au sein d’un organisme de surveillance du cessez-le-feu. Refus également de Haftar de l’idée même d’un repli de son armée et des autres forces adverses dans leurs casernes.

Plus optimiste, le ministre russe des affaires étrangères Serguei Lavrov s’est cru obligé de déclarer que « des progrès réels » ont été enregistrés à l’issue de cette première journée et que « certains participants à la conférence ont « signé un accord » alors que le maréchal a demandé un délai de réflexion.

Reste à dire que même avec un accord à Moscou la situation dans ce pays pétrolier, étalé sur la plus grande partie du littoral sud-méditerranéen, aura besoin de plus d’une conférence pour atteindre un calme minimal propice à une véritable entente qui restera encore longtemps improbable.