Edito du 12 mai 2020 : DE TRIPOLI… A TRIPOLI par Elias Masboungi

Par Elias Masboungi

DE TRIPOLI… A TRIPOLI …

De bon sens en mauvais augure on peut dire que l’Etat islamique d’Irak et d’al Cham (Daech) livre ses derniers combats dans le nord-est de la Syrie et ordonne à ses troupes de se regrouper en Libye.

C’est ainsi que des milliers de déserteurs, évadés ou rescapés se répandent depuis plus d’un an, par petits groupes dans la zone du Levant pour regagner la nouvelle terre promise ou regagner leurs pays d’origine.

Il s’agit, bien entendu, de ceux qui ne peuvent pas passer par la Turquie qui leur avait accordé un aller simple pour le passage en Syrie ou en Irak.

En tout état de cause, une bonne partie des « jihadistes étrangers » comme se plaisent à les nommer les daechistes locaux ont tendance à estimer qu’une  survie assurée en demi-jihad vaut mieux qu’un hypothétique martyre…

Pour ces errants, trois options : progresser par dunes et champs vers l’ouest vers Tripoli-Liban, se réfugier de camp en camp sur le flanc ouest de l’Anti-Liban ou tout simplement atteindre Israël qui – si ahurissant que cela puisse paraître – prend en charge les « bons jihadistes » prêts à attester sur l’honneur de gagner l’Egypte via Gaza ou par sur les bateaux de migrants vers l’autre Tripoli. Avec la possibilité  pour certains d’un virage vers leur pays natal, au Maghreb ou en Europe.  

Comme pour confirmer un de ces itinéraires, les forces de sécurité libanaises ont appréhendé récemment cinq Soudanais tout près de la frontière libano-israélienne.

Dans ce contre exode, des dizaines de Français (de souche ou naturalisés) s’infiltrent  par groupes de deux à quatre en direction de Tripoli par la passoire frontalière au nord. Lieux de regroupement : camps de réfugiés palestiniens ou syriens dans le Akkar et la deuxième ville libanaise. Autant de fiefs sunnites, en attendant d’embarquer avec des migrants vers l’Europe  ou  de se rendre par petits bonds vers la ligne bleue. Pour certains franco-mahgrébins, faire preuve de zèle en participant à des manifestations populaires à Tripoli-Liban ou prendre les cars révolutionnaires pour manifester à Beyrouth, y rester en attendant des jours meilleurs après le confinement version locale  ou se rendre dans un camp palestinien accueillant. Ce qui explique à cette période des arrestations de certains de ces « sans-papiers » à un poste-contrôle militaire de la route côtière.  

Rejoindre les rangs de l’Etat Islamique du Maghreb et d’Afrique, sous les drapeaux de la néo-Qaïda et autres « Boko-Haram » pour participer à l’islamisation totale de l’Afrique promise pour bientôt. Le choix de la Libye comme point de ralliement étant dicté par le déchirement, entre Haftar et Sarraj, dans  l’ex-Jamahiriya »  jamais dotée par Kadhafi d’institutions étatiques mais de fragiles comités populaires.

Ou aller vers la terre natale à la recherche d’une trêve réparatrice dans ou une cure de déradicalisation dans quelque geôle européenne.