Edito du 10 octobre 2019 : UNE GUERRE SANS FIN

Par Elias Masboungi

UNE GUERRE SANS FIN

Au début était cette guerre atypique, multiforme et évolutive de Daech concrétisée par l’implantation en Irak et en Syrie de l’Etat Islamique.

Vengeance de Saddam pour les uns et contribution à la réussite d’un printemps syrien pour les autres, elle a aligné une coalition internationale inspirée par Israël et comprenant les USA, l’Arabie Saoudite, la Turquie, la Jordanie ; doublée d’un envoi sur le terrain de soldats d’Allah en provenance de divers pays d’Europe qui pariaient sur un effondrement rapide du régime de Damas.

Dans l’autre camp, la Sainte Russie venant au secours des chrétiens menacés d’extermination et l’Iran défenseur du chiisme en danger. Moscou étant politiquement lié à la Syrie par un traité de défense et Téhéran se trouvant engagé idéologiquement et financièrement dans le camp de Bachar Assad.

Telle était la configuration sur le terrain durant les premières années du conflit jusqu’au moment où la coalition s’est rendue compte qu’elle avait enfanté d’un monstre qu’elle ne voulait et ne pouvait plus ni financer ni soutenir.

A l’extérieur les attentats de la première étape (Bataclan, assassinat en pleine messe du Père Hamel) et d’autres opérations au nom de « l’islamisation du monde par la persuasion ou le glaive » ont terni l’image de ce jihad triomphant et fait réfléchir les tenants de la coalition. D’autant que sur le terrain l’apparition des milices kurdes lourdement armées et d’autres formations d’opposition non ont également fait réfléchir la Turquie et même la Jordanie voisine soumise à une déferlante de réfugiés.

Les sanglantes batailles ont fait durer la guerre jusqu’à l’enlisement des adversaires et l’affaiblissement du régime lui-même.

Dans une deuxième étape et par manque de moyens, Daech a opté pour le terrorisme low-cost (les agressions au couteau dont in se rappelle et le drame du camion de Nice) qui ont terni l’image de l’islam sans affaiblir le régime de Damas.

Géographiquement réduit comme une peau de chagrin, l’E.I. a parié sur une nouvelle génération de jihadistes et des opérations individuelles plus hardies menées par des éléments de l’extérieur, convertis et radicalisés. Attentats sur des objectifs situés dans le « saint des saints » d’un pays comme la France, ces raids visent surtout à porter le message d’une guerre sans fin destinée à passer d’une génération à l’autre.