Discours de rentrée de Florence Parly, ministre des armées

Discours Florence Parly
Florence Parly, ministre des Armées, a annoncé une nouvelle augmentation du budget de la défense pour 2022. © Lucie Weeger / MAXPPP / PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP

Mesdames et Messieurs,

Nos armées répondent toujours « présent ». Cet été encore, pour nous, pour les Français, elles ont été engagées sur tous les fronts.

Je veux donc commencer par saluer et remercier celles et ceux qui, dans le cadre de la mission Sentinelle, ont veillé sur nos concitoyens et les nombreux vacanciers de passage sur notre territoire, ceux qui sont venus en aide aux forces de sécurité civile pour lutter contre les feux de forêt, en particulier dans le Sud-Est de la France, ceux qui étaient engagés en mission loin de chez eux, en opération extérieure, au Sahel et au Levant, ainsi que ceux qui sont restés mobilisés dans le cadre de nos postures permanentes de sécurité.

Je voudrais en particulier adresser des remerciements au Service de santé des Armées, à ceux qui se sont déployés en urgence en Martinique pour armer un module militaire de réanimation, pour acheminer de l’oxygène aux Antilles à un moment particulièrement critique de la situation épidémique sur place. Ces remerciements vont également à l’ensemble de nos forces mobilisées tout au long de l’été pour vacciner les Français. C’est un effort nécessaire que nous poursuivrons, c’est notre meilleur moyen de vaincre cette pandémie.

J’aimerais enfin rendre un hommage appuyé aux femmes et aux hommes de l’opération Apagan. Grâce à leur engagement, la France a pu mettre en place un pont aérien entre Kaboul et Paris, moins de 24h après l’ordre donné par le Président de la République.

Grâce à eux, grâce aux diplomates, aux policiers, aux personnels français qui ont été à la manœuvre de cette opération, jour et nuit, pendant 15 jours, nous pouvons être fiers d’avoir réussi à évacuer près de 3.000 personnes dont plus de 2.600 Afghans en un temps record.

1.   [Les enseignements de la crise afghane]

La chute de Kaboul était évidemment un événement d’une portée qui dépasse très largement son cadre régional et le résultat d’un enchaînement d’événements dont nous devrons tirer collectivement toutes les leçons. Pour l’heure, de cette crise, je retiens à ce stade trois enseignements principaux :

1. Pour commencer, si l’arrivée au pouvoir des Talibans inaugure une grande période d’incertitude, elle confirme ce que nous savions déjà : notre lutte contre le terrorisme est nécessaire et elle doit se poursuivre. Deux points sont en particulier cruciaux.

D’abord, on est en droit de se demander quelle attitude aura le pouvoir taliban à l’égard des groupes terroristes et singulièrement d’Al-Qaïda. On se souvient que le régime taliban en place il y a vingt ans avait offert un asile et un appui au groupe d’Oussama Ben Laden qui avait planifié les attentats du 11 septembre. Il l’avait fait depuis son sanctuaire afghan. Les négociations des derniers mois à Doha ont donné lieu à des engagements de leur part, mais force est de constater que les premières décisions, à commencer par la composition du gouvernement, montrent un écart entre les promesses et les actes.

L’autre point crucial concerne l’implantation de Daech dans le pays, dont l’attentat de l’aéroport de Kaboul a montré le tragique pouvoir de nuisance. Certes, Daech est l’ennemi des Talibans, mais comment s’assurer que ces derniers parviendront à endiguer efficacement cette menace ? Pour ces raisons, nous devons rester vigilants. Nous devons continuer à suivre attentivement la situation sur le terrain et à discuter avec nos alliés des moyens qui permettront de prévenir toute résurgence d’une menace terroriste qui pèserait sur la stabilité régionale, voire reconstituerait une capacité de projection d’attentats en Europe ou ailleurs.

2. Le deuxième enseignement concerne l’Europe de la défense.
La crise en Afghanistan a été un révélateur, pour beaucoup d’Européens, de ce que nous savions déjà : la sécurité des Européens relève d’abord et avant tout des Européens eux-mêmes. Elle nous prouve aussi que nous avons encore beaucoup de chemin à faire. Cette prise de conscience a provoqué un élan nouveau et légitime chez nombre de nos partenaires européens. Il nous faut profiter de cet élan pour faire progresser l’Europe de la défense, avec réalisme et pragmatisme.

Car il y a l’Europe des intentions et il y a l’Europe des actes. En ce qui me concerne, en ce qui nous concerne, cela fait bien longtemps que nous sommes adeptes de la seconde, c’est-à-dire l’Europe des actes. Nous devons continuer de bâtir une Europe de la défense de terrain, capable d’agir, en nous appuyant, non pas sur des promesses irréalisables, mais sur ce qui fonctionne déjà aujourd’hui. La force Takuba, au Sahel, en est le meilleur exemple. A cet égard, je crois que nous devons avoir une ambition renouvelée pour l’Initiative européenne d’intervention, dont l’intérêt ne cesse de croître auprès de nos partenaires.

3. La troisième chose que nous a montrée la crise afghane, c’est que la loi de programmation militaire porte ses fruits. Le double pont aérien entre Kaboul, Abou Dabi et Paris a été assuré pour une grande partie par 3 avions A400M et 2 MRTT, dont un qui avait été commandé de façon anticipée dans le cadre du plan de soutien à l’aéronautique que j’avais annoncé en juin 2020. Ces avions, nous les devons à la loi de programmation militaire. Cette loi de programmation militaire qui a accéléré la livraison des MRTT et qui a porté notre ambition plus loin pour les A400M avec une cible de 25 appareils d’ici 2025. […]

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