DANSER SUR UN BARIL DE POUDRE

Danser sur un baril de poudre est très dangereux, mais évoluer sur ce baril au milieu d’un champ de mines, c’est une mort certaine.

Et ce bal ininterrompu des Libanais ne peut que mener logiquement à un délitement de notre entité qui n’est jamais devenue un Liban-patrie après un siècle de liberté offerte sans combat.

Danser au sens propre tous les soirs au nom du droit de vivre est une chose folâtrer inconsciemment en se croyant sur une île déserte en est une autre.

Dans la tourmente, on ne peut et on n’a pas le droit d’arguer que la cause est « la guerre des autres » comme se plaisent à dire les « Libanais purs et durs ».

Mais depuis quelque temps, la planète aime à se définir comme un « village global » qui mêle irrémédiablement tout statut racial ou sectaire.

Liban, Syrie, Irak, Egypte et autres voisins sont liés par le même destin et ceci se confirme à chaque secousse, notamment le bombardement de Doha qui ne permet plus de distinguer l’ami de l’ennemi. 

Pour la périphérie bordée par la Turquie et l’Iran et depuis 1948 par la terre promise, la situation n’est guère mieux puisque c’est le nouveau venu qui s’est injustement incrusté dans la région  par le fer et le sang, déclenchant toutes les guerres vécues depuis.

Les îles même isolées ne sont plus protégées par le ciel, la mer ni par l’espace sidéral.

Nier cette réalité aujourd’hui serait un véritable suicide. L’ignorer signifierait un suicide collectif fruit d’une inconscience impardonnable.

On pourrait, bien entendu, continuer à danser dans un champ de ruines près d’un baril réduit en poudre…

                                                                                                                              E.M.