Dans l’usine Framatome du Creusot, au cœur de la relance du nucléaire français

Au Creusot, en Saône-et-Loire, la forge de l’entreprise Framatome produit des composants des sites nucléaires. Le 3 mars 2023, la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, y a annoncé la relocalisation de certains composants des centrales nucléaires. Nous sommes allés découvrir ce site dont les productions composent aujourd’hui certains des réacteurs nucléaires français.

C’est une usine historique installée au bord du centre-ville du Creusot (Saône-et-Loire), ce « pays noir » qui s’est construit autour du charbon et de l’acier. La forge de l’entreprise Framatome, dont EDF est l’actionnaire majoritaire, est spécialisée dans l’équipement des sites nucléaires. « Nous sommes dans des anciens bâtiments Schneider », du nom des industriels qui ont façonné la ville, qui comptait plus de 19 000 ouvriers en 1918, indique Christophe Pellereau, le responsable communication et formation du site.

Le 3 mars 2023, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé dans ces locaux la relocalisation des pièces internes des cuves des centrales, jusque-là réalisées en Europe de l’est. Une bonne nouvelle pour une entreprise que le gouvernement a mis au cœur de sa stratégie de relance du nucléaire. Framatome est impliqué dans la création des six nouveaux réacteurs annoncés en 2022 par le président de la république.

70 emplois supplémentaires grâce à la relocalisation

« Nous sommes passés de 250 à 450 salariés en quatre ans, commente le directeur du site bourguignon, Laurent Gless. La relocalisation représentera quant à elle environ 70 emplois supplémentaires ». Une relance qui intervient après plusieurs années de difficultés. Jusque-là propriété d’Areva NP, la firme retrouve en 2018 son nom d’origine : Framatome. La fiabilité de la forge du Creusot avait alors été mise en cause à plusieurs reprises. En mai 2016, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait demandé des contrôles à Areva après des anomalies dans la cuve de l’EPR de Flamanville. Il avait été révélé que des centaines de pièces produites depuis 1965 présentaient des irrégularités. De quoi entraîner sa mise à l’arrêt. L’ASN avait redonné en 2018 l’autorisation de reprendre la production pour les centrales françaises.

« À ce jour, l’ASN considère que l’usine Framatome présente un fonctionnement normal, elle adapte ses actions de suivi en conséquence et envisage la sortie de la surveillance renforcée de l’usine », indique aujourd’hui l’institution. Alors que le bilan du débat public sur la relance du nucléaire publié le mercredi 26 avril 2023 a révélé surtout les fortes interrogations des Français sur l’opportunité des projets et leur sécurité – face à un gouvernement qui donne le sentiment que tout est déjà décidé -, Framatome se veut rassurant. « Nous nous basons sur un triptyque : sécurité, sûreté nucléaire et qualité », assure le directeur du site. « Nous conservons un échantillon de chacune des pièces que nous réalisons », abonde par exemple Christophe Pellereau.