La guerre du Golfe a tout à la fois signifié la fin de la guerre froide par la victoire américaine, l’entrée dans un nouvel ordre mondial, l’hégémonie américaine et son hyper-puissance, mais aussi les fractures du monde occidental et du monde musulman, qui n’ont cessé de s’aggraver par la suite. Trente ans après cet événement fondateur, Samuel Helfont analyse la façon dont cette guerre a structuré les relations internationales et contribué à faire émerger un nouvel ordre.
On se souvient souvent de la guerre du Golfe comme d’une « bonne guerre », un conflit de haute technologie qui a atteint ses objectifs rapidement et proprement. Pourtant, de nouvelles preuves, provenant d’archives, font la lumière sur les retombées prolongées de la guerre et remettent en question ce récit soigné. La guerre du Golfe a placé les décideurs politiques face à un dilemme qui a tourmenté les administrations américaines successives. La guerre a contribué à créer une crise humanitaire aiguë en Irak, et les États-Unis se sont efforcés de trouver un moyen de contenir un Saddam Hussein toujours récalcitrant tout en soulageant les souffrances d’Irakiens innocents. L’incapacité des dirigeants américains à résoudre ce dilemme, alors que plusieurs occasions de le faire se sont présentées, a permis au régime de Saddam d’enfoncer un coin au cœur de l’ordre de l’après-guerre froide dirigé par les Américains. Si, à court terme, la guerre a semblé être un triomphe, sa fin a causé des dommages irréparables aux intérêts américains au fil des ans.